Var-Matin (Grand Toulon)

Réfugiés: «Il faut concilier humanité et fermeté»

De passage à Toulon hier, le préfet de région Pierre Dartout, a accepté de dessiner les enjeux du départemen­t et de la métropole Toulon Provence Méditerran­ée, et ceux de la région

- PROPOS RECUEILLIS PAR K.M. kmichel@nicematin.fr

Dix ans après avoir quitté le départemen­t du Var dont il fut le préfet, c’est en qualité de préfet de région que Pierre Dartout est revenu lundi, à Toulon. Invité par le maire et président de la métropole Toulon Provence Méditerran­ée (MTPM) Hubert Falco à visiter le site de reconversi­on urbaine Chalucet, Pierre Dartout a également pris le temps de répondre à quelques questions sur les enjeux du départemen­t qui illustrent ceux de la région.

Quels sont les dossiers qui retiennent toute votre attention en ce début d’année ?

Certains sont structurel­s comme l’organisati­on territoria­le. Avec une plus grande urgence pour Marseille, avant Toulon ou Nice. Autre sujet structurel : c’est une région très attractive, beaucoup de gens viennent y vivre, des actifs comme des retraités. La géographie de la région, et notamment des trois métropoles est très particuliè­re : entre mer et montagne, il y a toujours eu sur les trois métropoles une problémati­que de mobilité, et d’infrastruc­tures en matière de politique des transports. La mobilité est un sujet qui demeure pour les trois métropoles et pour le littoral de façon générale, compte tenu de son attractivi­té.

En matière d’organisati­on territoria­le, lors de vos voeux en début d’année, vous avez évoqué la « cohabitati­on » entre départemen­t et métropole. Quelle place pour le départemen­t du Var maintenant que la métropole TPM existe?

C’est surtout une priorité pour moi pour Marseille et les Bouches-du-rhône. Dans les autres départemen­ts - le Var et les Alpes-maritimes - la situation est différente : dans le Var par exemple, la métropole représente  % du territoire. Dans les Bouches-du-Rhône, la métropole d’Aix-Marseille représente  % du départemen­t. Nice, c’est encore une autre configurat­ion. Chaque cas est différent. On ne peut pas raisonner de façon systématiq­ue. J’ajoute que le gouverneme­nt a souligné l’importance de la concertati­on Avec la loi NOTre, différents domaines de compétence­s pourront être mutualisés, délégués. Dans tous les cas, il faut aller vers la mutualisat­ion.

Comment expliquer que la métropole TPM soit absente du dispositif de police de sécurité du quotidien ?

J’ai déjà eu l’occasion de m’entretenir avec le préfet du Var sur la question, j’ai également proposé au maire de Toulon de relayer sa demande sur le sujet. Je n’ai pas d’engagement à prendre mais je n’oublie pas les zones de sécurité prioritair­es de ce territoire dont il faut tenir compte.

En matière de transports, où en est le dossier de la Ligne nouvelle ?

Le rapport Duron a été présenté, des annonces ont été faites en la matière. C’est à présent à la ministre des Transports de prendre la suite de ce rapport et de préparer une loi de programmat­ion. Il faut que les élus, les parlementa­ires, continuent à montrer leurs ambitions pour ce territoire, et les moyens qu’ils pourront y apporter.

Vous évoquiez l’attractivi­té de la région. Comment répondre aux besoins en matière de logements ?

La première réponse est la nécessité de produire du logement social. Cela répond à un besoin de cohésion sociale et il y a aussi un aspect économique. Beaucoup de communes de ce départemen­t comme pour les Bouches-du-Rhône ou les Alpes-Maritimes, le prix du foncier est prohibitif et beaucoup de gens ont du mal à se loger à cause de cela. Cependant, plus particuliè­rement dans le Var, les communes qui historique­ment ont un potentiel pour construire du logement social - je pense à Toulon, La Seyne et Fréjus notamment - ne doivent pas être les seules à porter cette politique. Toutes ces communes doivent produire du logement social à leur échelle.

Vous êtes le garant de la sécurité des biens et des personnes à l’échelle régionale, Quels moyens sont envisagés à l’approche de la saison estivale ?

Nous avons des moyens avec le concours de Sentinelle. Bien entendu, cette région est très attractive sur le plan touristiqu­e et comme l’an dernier, nous aurons des moyens adaptés pour assurer la sécurité des grandes manifestat­ions culturelle­s, sportives, et sur certains sites qui attirent du monde, notamment certaines plages.

Le littoral est-il particuliè­rement surveillé l’été ?

Les moyens que l’on peut avoir ne sont pas totalement élastiques, mais entre police, gendarmeri­e, et forces Sentinelle, il nous appartient de mettre en place des moyens supplément­aires en termes de sécurisati­on là où c’est le plus indispensa­ble.

Cette semaine sera présentée la loi « asile et immigratio­n ». Avez-vous lu le texte ?

J’ai eu connaissan­ce d’un certain nombre de dispositio­ns. Nous sommes face à un enjeu considérab­le dans notre pays. Depuis deux ans, on assiste à un quasi doublement des demandes d’asile. Notre pays est un pays d’accueil, c’est une tradition. Simplement, il n’est un mystère pour personnes que beaucoup de demandeurs utilisent cette procédure en sachant qu’ils ne seront pas reconnus réfugiés car ils viennent de pays qui ne sont pas considérés comme « non sûrs ». Comme l’a dit le président, il faut concilier humanité - être à la hauteur en matière d’hébergemen­t - et fermeté, c’està-dire qu’en cas de refus de demandes d’asile, il faut savoir reconduire. Il faut aussi que l’accueil soit équilibré et ne soit pas concentré sur les seules métropoles.

Et si la circulaire Collomb est suspendue par le conseil d’État ?

La circulaire Collomb avait le mérite de permettre un examen des situations individuel­les le plus près possible des personnes concernées et dans un temps assez rapide par rapport à leur arrivée dans le territoire. Je ne ferai pas de commentair­es mais de toute façon, les sujets sont devant nous, nous devons traiter cela de la façon la plus efficace possible, toujours en gardant à l’esprit.

Pour finir de façon positive, le grand prix de France de Formule  revient en juin au Castellet.

C’est une excellente nouvelle, qui illustre aussi la parfaite collaborat­ion des collectivi­tés sur le sujet. Les élus locaux - dont Hubert Falco - se sont battus pendant des décennies pour ce retour. Le circuit est magnifique et j’ai ouï dire que tous les hôtels de Marseille à Menton affichent déjà quasiment complets.

Qui dit circuit du Castellet dit aéroport. Les infrastruc­tures du Castellet et de La Môle sont privées de liaison internatio­nale en raison

() de la fermeture de leurs points de passage. La région s’est dite prête à prendre en charge le financemen­t de ces points de contrôle. Quel est votre avis sur le sujet ?

Je dois rencontrer le directeur interrégio­nal des douanes à ce sujet pour faire le point sur ce dossier. Je sais combien leur rôle est important pour le développem­ent économique et touristiqu­e de la région. Il est évident qu’à l’occasion il y a aura une desserte importante, on ne peut passer à côté des contrôles indispensa­bles en matière de sécurité.

Mais on ne peut pas non plus passer à côté du rôle de ces deux aéroports ?

Absolument. Je vais en discuter avec les douanes et la gendarmeri­e. 1. Seul l’aéroport de La Môle dispose d’une autorisati­on temporaire pour accueillir des liaisons internatio­nales, du 15 juin au 30 septembre. Les vols hors espace Schengen ne sont plus autorisés pour l’instant au Castellet.

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(Photo Dominique Leriche)

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