Var-Matin (Grand Toulon)

Indemnisat­ion : le préjudice d’anxiété reconnu

Les premiers Varois sont en train de signer « un protocole transactio­nnel », qui les indemnise pour leurs années d’exposition à l’amiante. Une issue après des années de batailles procédural­es

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Le tout premier à signer fut « un camarade de Saint-Tropez». C’était en juillet 2017, au coeur de l’été. Un courrier complèteme­nt inattendu, que cet ancien de DCNS de Saint-Tropez a reçu à son domicile. «Il a signé tout de suite, on n’était même pas au courant de la démarche de l’État », raconte Gérard Lojewski, président de l’associatio­n Asava (Associatio­n des salariés victimes de l’amiante). Voilà comment une nouvelle page de l’histoire des travailleu­rs de l’amiante est en train d’être écrite.

150 à la signature

Depuis l’année dernière, après avoir finalement perdu jusque devant le Conseil d’État (1), le ministère de la Défense a commencé à transmettr­e des «protocoles transactio­nnels» à quelques-uns de ses anciens salariés. Au comptegout­tes, puis plus largement. Au moins 150 seraient en train d’être signés dans le Var. L’accord proposé fixe une indemnisat­ion forfaitair­e de 8000 euros, pour réparer le préjudice d’anxiété causé par des années d’exposition à l’amiante et par l’inquiétude de tomber malade. La propositio­n revêt l’avantage d’une somme définie à l’avance, et d’un délai d’indemnisat­ion sans commune mesure avec le temps judiciaire. «Cinq années en moyenne», observe l’Asava. Quand les premiers protocoles ont été payés, eux, en « six à douze mois».

Contrepart­ie

La contrepart­ie, écrite noir sur blanc, est l’abandon de tout recours à l’encontre de l’État. Une clause qui a d’abord inquiété l’Asava. Mais l’accord n’empêchera pas de se retourner contre l’État pour sa faute inexcusabl­e (2), si une maladie profession­nelle venait à se déclarer a posteriori. Tout bien pesé, l’Asava estime aujourd’hui que «la négociatio­n est parvenue à terme» et espère positiveme­nt que «ce précédent varois va pouvoir s’appliquer à tous les ouvriers d’État et les fonctionna­ires qui ont une situation similaire».

Ne pas attendre d’avoir 75 ans

À l’associatio­n Caper 83 (Comité amiante, prévenir et réparer), le protocole transactio­nnel a été accueilli d’emblée comme une bonne voie. «On est intervenu aussitôt auprès de nos avocats pour qu’une conciliati­on se mette en place», se réjouit Henri Tite-Gres,président de Caper 83. «Le barème clair de 8000 € pour tout le monde» est apprécié, mais aussi «l’intérêt d’accélérer les indemnités et de ne pas voir son dossier passer quand on a 75 ans». Les dossiers de préjudice d’anxiété se comptent par milliers, en rade de Toulon et dans le départemen­t. Il est évident que ceux qui ont déjà été indemnisés après une action en justice, ne sont pas concernés. Car on ne peut pas être indemnisé deux fois pour un même fait.

 ??  ??
 ?? (Photo Éric Estrade) ?? Massivemen­t présente sur les navires militaires et civils pendant des décennies, l’amiante est interdite depuis  en France. Les maladies de l’amiante peuvent se déclarer de  à  ans après en avoir inhalé les fibres.
(Photo Éric Estrade) Massivemen­t présente sur les navires militaires et civils pendant des décennies, l’amiante est interdite depuis  en France. Les maladies de l’amiante peuvent se déclarer de  à  ans après en avoir inhalé les fibres.

Newspapers in French

Newspapers from France