Big bang dans l’univers du bal populaire
Le Guinguette Hot club, big band varois, redonne ses lettres de noblesse au bal festif, avec une quinzaine de musiciens sur scène. Ils ont des centaines de fidèles, chaque mois
Depuis deux ans, le phénomène se déplace. Il se disait d’abord que le chapiteau de l’École fragile débordait, l’année dernière, de gens guinchant et sautant une fois par mois, face à une troupe de musiciens tout aussi déchaînée. Puis de La Valette, où le chapiteau a plié bagage, cela est venu à Toulon, à l’Oméga live, où près de six cents personnes se sont retrouvées à l’invite du Guinguette Hot club, en janvier. Et cela recommence vendredi au même endroit ! Alors, pour mieux comprendre ce collectif varois d’une vingtaine de musiciens, qui met le feu au bal, on a demandé à Julien Ripoll, leur manager (et musicien amateur !) de revenir sur la genèse du big band.
Effet boule de neige
En fait, c’est tout sauf une théorie bien rodée. Des gens qui reviennent mois après mois, les mêmes, plus d’autres, « avec un effet boule de neige. On s’en émerveille encore », explique-t-il. Nous voilà bien avancés. Rien n’a été prémédité. On distingue sur scène trois chanteuses (et chanteurs) surfant entre mélodica, banjo et ukulélé, deux chanteurs supplémentaires, un guitariste, et « en seconde ligne, soubassophone, batterie, section cuivres avec clarinette, saxo, trompettes, trombone». Un sacré big bazar, qui ne sonne pas vraiment musette, sans accordéon. « En fait, on n’a pas choisi notre style de musique», finit par avouer Julien Ripoll. Tout a commencé lorsque ces membres de quatre groupes locaux – Madame Oleson, L’Incroyable Freaks band, Très Hombres et The Calamity sisters – répondent à la commande d’un bar du Mourillon d’animer deux rendez-vous live par semaine. «Au fil du temps, cela nous a donné l’idée de créer ce collectif », expliquet-il. Une idée dans la droite ligne de ce qu’il provoque dans l’émission La Grosse Tambouille, qu’il présente depuis 20 ans sur Radio Active (1). « Faire se croiser des artistes autour de ce répertoire de chansons françaises. »
Trenet, Mano negra, Les Ogres...
Loin de l’idée du bal populaire dénaturé tel qu’on le conçoit aujourd’hui, « piano bar ou karaoké», le groupe convoque les Trénet, Fernandel, Brassens, Nougaro... « On est à la confluence des années 1960, avec les chansonniers fantaisistes. ».Ajoutez à cela une grosse touche de « nouvelle scène française », Mano Negra et même Réglisse (Mets de l’huile!), sans oublier ceux qui ont ouvert la voie dans les années 2000 à la renaissance de ces bals populaires, qu’on voit trop rarement par chez nous : Les Ogres de Barback, La Rue Kétanou et Debout sur le zinc. Plus besoin de chercher, on a le Guinguette Hot club, dont la marque de fabrique réside aussi dans ses arrangements faits maison pour bien montrer que rien n’est figé. Pourtant d’un mois à l’autre, le répertoire évolue un peu sans vraiment changer.
Les gens qui reviennent à chaque fois « s’en foutent, ils veulent le bal», analyse Julien Ripoll. Un bal qui sera finalement différent à chaque fois, avec une formation protéiforme, dont les membres alternent sur scène. « Chacun a sa vie, et c’est un vrai casse-tête d’arriver Festival Z, espace Maurric, à La Crau.
à répéter tous ensemble. Cela fait deux ans qu’on joue et on n’a pas un show rodé. Cela nous donne une espèce de fragilité et une authenticité, estime-t-il. On est la version brut du bal. » Un vrai big bang, ça ne se contrôle pas. 1. Radio qu’il préside.