Mickaëlle Michel, femme mais jockey avant tout
Hyéroise de naissance, Mickaëlle Michel truste les premières places du classement des jockeys français. Spécialisée dans le galop, elle réalise ce qu’aucune femme n’avait réussi à faire
Comme toutes les petites filles, à dix ans, j’ai réclamé à ma maman de faire de l’équitation. » Et quand on voit, douze ans plus tard, où l’équitation a mené Mickaëlle Michel, on se dit qu’elle a bien fait. Aujourd’hui, à tout juste 22 ans, la Hyéroise sillonne tous les hippodromes de France… avec succès ! Tellement qu’il y a quelques semaines, Mickaëlle s’est classée première du classement des jockeys, devant des stars de la discipline comme Christophe Soumillon, Tony Piconne ou encore Aurélien Lemaitre. Une performance qu’aucune femme n’avait jusqu’ici réalisée. Pourtant, tout ceci aurait pu ne jamais arriver. En véritable passionnée, Mickaëlle a voyagé. D’abord dans toute la France, pour prendre de l’expérience. Puis à l’étranger. C’est en Nouvelle-Calédonie qu’elle est victime d’un accident qui aurait pu mettre un terme à sa carrière. Mais après un an de repos, la battante repart au combat… et lance sa brillance carrière.
La tête sur les épaules
Malgré sa notoriété grandissante, Mickaëlle est loin de se prendre la tête. Mieux, elle a su digérer cette ascension fulgurante. « Tout s’accélère mais ça va, on arrive à bien gérer mon évolution. » On, c’est Mickaëlle et Frédéric Spanu, ancien jockey, devenu son agent mais également son coach option post-formateur. « Avoir Fred avec moi, c’est rassurant. Il me fait profiter de toute son expérience. Cette ascension, je ne l’ai pas forcément vue venir. Mais je n’y pense pas trop. Je me concentre sur mon travail. Et même si je gagne, ça s’enchaîne tellement vite. Il faut sans cesse se questionner. » Pour enchaîner, Mickaëlle enchaîne. Si bien qu’elle est, en ce moment, celle qui monte le plus sur les hippodromes français.
Caractère bien trempé
Souvent décrit comme un milieu d’hommes, le monde des courses hippiques n’échappe pas à sa réputation. Et si aujourd’hui, Mickaëlle brille par ses performances, elle espère bien faire oublier ce vieux clivage hommes-femmes. Elle s’explique, avec fermeté et détermination : «Sincèrement, non, on ne me regarde pas de la même manière. C’est un milieu assez macho. Pour faire ma place, moi, j’ai décidé de travailler correctement et de respecter tout le monde. En course et en dehors des courses. Après, si un jour on me parle mal, oui, je vais régler les choses. » Avant d’ajouter: « Ce n’est pas parce que je suis une fille, que je suis jeune et que je viens d’arriver qu’il faut mal me parler. Je suis un jockey. Je fais le même boulot que tout le monde et en course, j’essaye d’être professionnelle. Je ne veux pas faire de l’amateurisme et commettre des erreurs qui gênent tout le monde. Je n’ai pas envie qu’on dise “cette fille-là, on ne sait pas où elle va”. Je veux monter comme un mec et qu’on ne voie pas la différence. »
Continuer de grandir
Depuis le mois de septembre et son premier coup d’éclat chez les grands, Mickaëlle n’a pas débranché. Et il n’est pas question de le faire. Du moins pas maintenant. « Si tu pars trois jours en vacances, un cheval que tu devais monter va être monté par un autre jockey qui peut bien tourner avec. Donc non, je ne prends pas de vacances. Et je le vis très bien ! J’ai qu’une envie : progresser. Et continuer d’avoir la confiance des entraîneurs comme des propriétaires.» Justement, quand on lui parle d’objectif à
court terme, la jeune fille ne s’emballe pas: «Je ne me fixe pas un nombre de victoires. Je reste concentrée sur mon travail pour maintenir ce niveau… et même l’améliorer!» Sur le long terme, avec l’aide de Frédéric Spanu, la Hyéroise compte bien poursuivre son ascension. Tout en gardant la tête sur les épaules, en conservant son fort caractère, essentiel au haut niveau. Et bientôt, qui sait, on ne parlera plus de Mickaëlle Michel comme d’une femme jockey, mais comme d’un jockey. En tout cas, retenez bien son nom.