Var-Matin (Grand Toulon)

Assises: verdict ce soir pour le meurtre d’Hyères

Dans un ultime interrogat­oire, les accusés sont restés sur leurs positions. Marc Bulinge nie un crime, qu’il attribue à Girard Pugliese, lequel affirme qu’il dormait et n’a rien vu ni entendu

- G. D.

La cour d’assises du Var, qui juge les trois hommes impliqués dans le meurtre de Kevin Lesvas le 26 juin 2014 à Hyères, a consacré la matinée d’hier à la personnali­té de Girard Pugliese, 76 ans. « Une personne diabétique, en perte d’autonomie, a témoigné l’infirmière qui le visitait deux fois par jour depuis deux ans. Il vivait dans des conditions misérables, et était souvent en colère contre la société. »

Le voisin nie toute participat­ion

Accusé d’avoir été le complice de Marc Bulinge, en lui fournissan­t le fusil de chasse qui a tiré la cartouche mortelle, Girard Pugliese a répété qu’il n’en avait rien fait et n’était jamais sorti de son logement, au rez-de-chaussée de la maison du crime. Cette nuit-là, il avait pris ses cachets pour dormir, Marc Bulinge l’avait réveillé au téléphone en disant qu’il y avait quelqu’un dans le jardin. «Il est venu me voir dix minutes plus tard, pour me dire qu’il n’y avait personne. J’ai repris un cachet et je me suis rendormi. Je ne peux pas dire s’il a pris mon fusil. Le lendemain, il était à la même place, à côté de l’entrée. » Les deux médecins légistes qui l’ont examiné ont fait une liste impression­nante de tous les accidents, maladies et amputation­s, qui avaient fini par le conduire dans un fauteuil roulant. Le retraité n’était cependant pas impotent : « Il a pu traverser le champ sur 100 mètres en portant un bidon d’essence de 5 litres, mais en faisant plusieurs pauses et en prenant beaucoup de temps. » Ces charges n’ont pas été retenues contre lui.

Les frères solidaires

Marc Bulinge a de nouveau raconté sa version où, après avoir appelé Girard Pugliese pour le prévenir que quelqu’un rôdait devant la maison, il avait entendu un coup de feu. Par la fenêtre, il avait aperçu le retraité avec son fusil, sans voir sur qui il avait tiré. Il était descendu, avait vu du sang sur la terrasse, n’avait pas vu de corps et avait pris le fusil du retraité. « Quand avez-vous mis les gants ? » L’accusé a semblé désarçonné par la question à brûle-pourpoint du président. « Je les avais mis avant, en sachant que j’allais prendre le fusil. » C’est sur ces gants que les experts ont retrouvé les résidus de tir.

Pour la victime

De son côté, Vincent Bulinge a répété qu’il avait nettoyé les traces. Répété aussi que son frère n’était pas sorti de la maison avant le coup de feu. Et confirmé que Marc lui avait annoncé que Girard Pugliese lui avait dit qu’il avait tiré. Les avocats des parties civiles se sont exprimés hier soir. Pour la mère de la victime, Me JeanC-hristophe Bianchini ne croyait pas que le tireur ait pu être Girard Pugliese, « qui ne connaissai­t pas Kevin Lesvas ». « Pensez que l’on a tué plusieurs fois son frère, a lancé Me Hervé Lefort, au nom de la soeur de la victime. Une première fois au moment de l’impact, puis en le laissant se vider de son sang dans ce champ, et en incendiant son cadavre. Salir sa mémoire, c’est aussi le tuer encore un peu. » « On vient marcher sur la victime et la douleur de ses proches ,a plaidé Me Frédéric Frenzel. Kevin Lesvas n’était pas un monstre armé d’un couteau. Il mesurait 1,77 m, pesait 56 kg, et avait 28 ans. » L’audience reprendra ce matin avec le réquisitoi­re de l’avocat général Vincent Blériot.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Défendu par Me Philippe Jacquemin, Vincent Bulinge a admis avoir effacé des traces de sang de la victime.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Défendu par Me Philippe Jacquemin, Vincent Bulinge a admis avoir effacé des traces de sang de la victime.

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