Var-Matin (Grand Toulon)

Les revendicat­ions s’envolent

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Pour traverser la Méditerran­ée, ou découvrir n’importe quelle destinatio­n européenne, un petit billet suffit désormais. Une vingtaine d’euros, en calculant bien son coup : c’est bien moins qu’une virée en autoroute entre Nice et Toulon, tous frais compris. Le low cost est une aubaine pour les clients, c’est une réussite économique formidable : il représente désormais  % du trafic aérien. Malgré des annulation­s de vols en cascade en , Ryanair, la compagnie la plus emblématiq­ue, a dégagé au quatrième trimestre, un bénéfice net de  millions d’euros. Vu de l’extérieur, le business model est un profond mystère – comment gagner sa vie en pratiquant des tarifs aussi bas ? – mais qu’importe l’algorithme pourvu que l’on connaisse l’ivresse des voyages moyen-courriers. Les passagers ne sont pas les seuls à plébiscite­r ce mode de transport. Une ligne « à bas coût » fait plus de bien aux villes moyennes que n’importe quelle usine à gaz étatique censée améliorer l’attractivi­té du territoire. Air France-KLM n’est pas complèteme­nt larguée dans cet espace commercial aérien si chamboulé. Elle augmentera cette année sa capacité d’embarqueme­nt de  à  % sur ses vols low cost à bord de Transavia, contre  à  % de mieux sous les autres marques du groupe. Tout va si bien pour elle que les bénéfices dépassent les nuages : près d’un milliard et demi d’euros l’an dernier dans le vert (résultat d’exploitati­on). Et l’humain dans tout ça? Forcément, les personnels ne veulent pas être les derniers servis dans la répartitio­n des bénéfices. D’où leur revendicat­ion de  % d’augmentati­on qui ferait pâlir de jalousie les métallurgi­stes allemands. Alors que la reprise économique se confirme, il faudra s’habituer au réveil des appétits catégoriel­s. En France, le pouvoir d’achat devient au fil des enquêtes d’opinion, un motif de mécontente­ment grandissan­t. Le phénomène dépasse largement l’Hexagone. Même Ryanair a accepté, le mois dernier au Royaume-Uni, la création d’un syndicat dans ses rangs. Pour ceux qu’hérissent les banderoles, qui sursautent dès que grésille un mégaphone, il est toujours possible de s’installer à l’étranger. Au Portugal par exemple, où plusieurs dizaines de milliers de Français ont déjà pris leurs quartiers. Un exil à petit prix: en mars, l’aller simple NiceLisbon­ne est à moins de  euros. Avec une compagnie low cost.

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