À Braga, le foot se joue dans la montagne
Le stade municipal de Braga, enceinte incrustée dans le flanc d’une montagne qui accueille ce soir l’Olympique de Marseille en seizième de finale retour de l’Europa League, est une infrastructure sportive singulière, objet de polémiques en raison de ses coûts de construction. Situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Porto et à 360 km de la capitale Lisbonne, le terrain du Sporting Braga est l’un des dix stades ayant accueilli l’Euro-2004 de football. Inauguré fin décembre 2003, l’UEFA l’avait désigné comme l’une des structures sportives les plus intéressantes. Conçu par le Portugais Eduardo Souto Moura, prix Pritzker 2011, le stade se
(1) distingue par son cadre et son contexte. L’architecte avait gagné une récompense nationale en 2004 pour cette réalisation innovante. Pouvant accueillir 30 286 spectateurs, l’une de ses particularités est qu’il ne dispose pas de tribunes en virage malgré sa capacité assez élevée.
Hommage à la civilisation inca
Surnommé « A Pedreira » (la carrière), il a été édifié à l’emplacement d’une ancienne carrière abandonnée sur le flanc du Monte Castro, une montagne des environs de Braga. Pour le construire, il a fallu dynamiter un million de mètres cubes de granit pour donner de l’espace au virage sud, véritable mur de roche de plusieurs dizaines de mètres de haut sur lequel se dresse un écran géant de 270 m2, le plus grand d’Europe. À l’opposé, le stade présente une partie dégagée offrant un panorama sur la région et la rivière Cavado. Sa couverture joignant les deux tribunes latérales, également ouverte, est inspirée des ponts de la civilisation Inca. Estimé au départ à 55 millions d’euros, le stade a en fait coûté plus du double à la municipalité de Braga. La facture est en réalité montée à plus de 150 millions d’euros et des travaux supplémentaires sont encore à prévoir en 2018. De plus, en septembre 2017, la municipalité de Braga a été condamnée à verser près de 3 millions d’euros à l’entreprise de construction en charge du chantier au titre des heures supplémentaires. L’architecte Souto Moura, dont le procès est toujours en cours, réclame près de 4 millions d’euros pour le même motif. Pas sûr que les Marseillais pensent à tout cela, ce soir, en foulant la pelouse portugaise. 1. Le prix Pritzker est un prix d’architecture décerné chaque année.