Var-Matin (Grand Toulon)

Le photograph­e Edward Steichen, témoin du siècle

La Maison de la photograph­ie présente, jusqu’au 28 avril, 80 clichés issus du fonds du Musée d’art de Toulon, de ce grand photograph­e américain témoin du siècle passé

- CATHERINE PONTONE

Plonger son regard dans celui d’Edward Steichen est une invitation à un long voyage dans l’histoire de la photograph­ie au XXe siècle. Cet Américain d’origine luxembourg­eoise, qui a su exprimer sa créativité dans toute sa dimension, ouvre une fenêtre sur son travail à la Maison de la photograph­ie. Jusqu’au 28 avril, elle présente une collection de près de 80 oeuvres de ce « photograph­e polymorphe », issues des fonds du musée d’art de Toulon. « Marie-Claude Beaud, conservate­ur du musée à l’époque avait acquis en 1979 ce fonds exceptionn­el », confiait, avant-hier soir, Rémy Kertenian, directeur des affaires culturelle­s de la Ville et commissair­e de l’exposition. Edward Steichen qui a su « évoluer avec son temps » a immortalis­é le temps qui passe et la vie sur presque un siècle.

L’héritage du photograph­e polymorphe

Décédé en 1973, «ce grand photograph­e » laisse un héritage créatif ne s’interdisan­t aucune limite dans l’exercice de son art. Les clichés exposés dans les trois salles ont été présentés vendredi soir au public, lors du vernissage, en présence des élus et notamment de photograph­es appelés à exposer dans ce haut lieu culturel. « Il a travaillé le paysage, le nu, le portrait, la nature morte, la photograph­ie de mode et de spectacle, la publicité et aussi la photograph­ie de guerre », a détaillé Yann Tainguy, adjoint au maire à la culture. Il a eu aussi accès à un grand nombre de personnali­tés politiques et artistique­s de la première moitié du XXe siècle. Au fil de la visite, les nus se dévoilent ; Le Lys (1 930), immortalis­é sur papier glacé, laisse un doux parfum enivrant dans l’imaginaire. Cela laisse libre cours à une balade au coeur de l’exposition, accompagna­nt du regard Balzac (1 908), Auguste Rodin (1 902) , le renouveau de la danse contempora­ine au début du XXe siècle, puis Roosevelt (1 920) ou encore Charlie Chaplin (1 925). Ce super cliché baptisé Black (1935) pour Vogue, au premier étage, ne laisse pas indifféren­t. Il s’est vu ainsi confier, entre 1923 et 1937, la direction artistique du magazine. Et avec elle, celle de Vanity Fair, une autre grande maison d’édition américaine.

Le courant pictoriali­ste

L’auto portrait de peintre, accroché aux cimaises de l’une des salles d’exposition dévoile, aussi, la facette picturale de sa carrière. « Ila fait partie d’un des plus grands courants de la photograph­ie américaine : le courant pictoriali­ste qu’il a mené à son sommet et qui joue essentiell­ement sur les paysages avec des références à l’impression­nisme, le portrait ou des scènes de genre (fin XIXe - début XXe siècle, Ndlr) », a rappelé le directeur des affaires culturelle­s. Lequel courant s’illustre parfaiteme­nt dans les clichés exposés au rez-dechaussée. Edward Steichen a ensuite pris la direction, durant une quinzaine d’années (de 1947 à 1962), du départemen­t de photograph­ie du Museum of Modern Art (MoMA) de New York. «Il y réalise en 1955 The Family Man, exposition itinérante présentant plus de 500 photograph­ies de 273 photograph­es de 68 pays différents... Elle aura accueilli 9 millions de visiteurs », salue Léopold Trouillas, conseiller municipal délégué aux exposition­s. Edward Steichen ne renouvelle­ra pas l’exploit par l’exposition de sa propre oeuvre. Mais nul doute qu’elle devrait séduire...

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(Photos Luc Boutria) La Maison de la photograph­ie a accueilli, vendredi soir, lors du vernissage de l’exposition, un large public séduit par ce « grand photograph­e polymorphe ».
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D’Anatole France au George-Washington Bridge.

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