Var-Matin (Grand Toulon)

À l’époque, les personnes âgées ne consommaie­nt presque rien... ”

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Après avoir traversé Escragnoll­es sur la route Napoléon, et emprunté la D963 sur une douzaine de kilomètres, nous découvrons Mons: un village fortifié, perché sur un gros rocher avec ses maisons en pierre de pays. Il est 9 heures du matin et un vent glacial souffle sur les rues pittoresqu­es mais désertes: le village semble se réveiller tout doucement.

On a l’impression d’être à la montagne

Christel Kohyann et son épouse Virginie viennent tout juste d’ouvrir la boulangeri­e. Voici treize années qu’ils ont choisi de changer d’orientatio­n de vie: Virginie juriste dans le droit du travail pour une DRH sur Aix-Marseille et Christel dans la grande distributi­on ont décidé de changer de vie pour créer dans une ancienne grange leur boulangeri­e artisanale avec leur pain et croissants faits maison, des gâteaux généreux et de savoureuxp­aletsmonso­is: «l’hiver, on a l’impression d’être à la montagne, on prend le temps de réfléchir, on a choisi de prendre la vie tranquille­ment et de profiter de nos trois enfants». Dans la rue de la mairie, les parents de Christel, Chan Ko Yan avec son épouse ouvrent l’épicerie du village: originaire­s de Madagascar, ils étaient élèves dans le lycée dont le proviseur M. Roland Alfred,deviendra le maire du village de Mons: ils l’ont suivi en France. Chan Ko Yan se prépare à descendre à Cannes pour faire son marché à Métro tandis que son épouse tiendra l’épicerie «une véritable caverne d’Ali Baba, un des poumons du village l’été mais surtout l’hiver». À quelques mètres de la mairie, sur la place Saint Sébastien, un panorama grandiose s’offre à nous sur la Mer Méditerran­ée, les Îles de Lérins, les Maures, la plaine de Fayence et parfois la Corse. Marie Santos avec son «salon de coiffure itinérant» vient de garer son petit camion. Coiffeuse pendant 15 ans à Mougins pour une grande chaîne de coiffure, Marie a décidé depuis trois années de sillonner été comme hiver les petites routes du canton, entre Brovès-Seillans-Montauroux-Mons-Esterets du Lac, tandis que son époux, monsois d’origine, ingénieur informatic­ien descend tous les jours travailler chez Thalès à Mandelieu: «dans mon camion, je coiffe les enfants depuis l’âge de 4 ans jusqu’aux personnes plus âgées. C’est une autre façon de travailler avec des attentions particuliè­res pour une clientèle fidèle. L’hiver sur les petites routes, il faut faire avec les aléas de la météo, le verglas, les tuyaux gelés du camion ou les problèmes mécaniques». Il est 11 heures: sur la place Saint Sébastien, Rachel Jourdan 36 ans, avec sa maman l’épouse de René le Berger, comme tous les jours (sauf quand la météo est défavorabl­e) installent la terrasse devant leur food truck. Sur cet emplacemen­t de rêve, elles proposent une formule à 12 euros, un plat du jour cuisiné par leurs soins, un dessert, une boisson et un café: de quoi ravir une clientèle de jeunes et d’anciens, de randonneur­s ou de chasseurs qui se pressent à l’heure du déjeuner. À quelques pas de là, surtout ne pas oublier de visiter l’atelier de Robert Audibert (aujourd’hui âgé de 80 ans), ancien chauffeur de bus qui avait comme violon d’Ingres la constructi­on de maquettes de bateaux en allumettes: porte-avions, frégates, caravelles, maquette géante du village se côtoient: des milliers d’heures de travail, des millions d’allumettes que les habitants du village ou les touristes lui gardaient et lui emmenaient. Si ce petit musée naval un peu original est ouvert en été, son épouse MarieJosé ou sa fille Agnès n’hésitent pas à vous l’ouvrir l’hiver. Bien au chaud dans leur maison, deux figures du village: Germaine et Jean Lambert, 94 ans tous les deux, ont tenu l’épicerie depuis 1952 pendant 27ans avant de reprendre le moulin à huile sur la routedeCal­lian: «À l’époque, les gens âgés ne consommaie­nt presque rien, elles vivaient à l’ancienne». Malgré le vent, Sybille a décidé d’ouvrir son atelier d’artiste qui fait office de galerie: elle propose des peintures figurative­s, déstructur­ées ou des peintures sur verre aux touristes le week-end et les vacances scolaires «le reste de la semaine on se repose de la saison, on se reçoit les uns chez les autres». Les douze coups de midi vont bientôt sonner au clocher. La rumeur voudrait que Félix Leclerc en vacances dans la région, aurait écrit la chanson Le petit bonheur sur la terrasse du restaurant monsois qui porte maintenant le même nom. Hervé Langlois à son retour de Madagascar l’a repris voici deux saisons. Les gens du village se retrouvent le matin au café ou en fin de journée à l’apéritif, mais Hervé prépare également les repas de cantine pour les quarante élèves de l’école. «Pour la plus grande joie des habitants, l’hiver j’organise une fois par mois des soirées musicales ou à thèmes avec un repas particulie­r servi sous les voûtes en pierres de la salle.» Surplomban­t la plaine de Fayence avec une vue panoramiqu­e, l’auberge Provençale a été reprise en 1996 par Alain Grondin et son épouse Régine qui a ainsi pu retrouver les racines de ses grands parents et parents. «On se doit d’ouvrir pour le village hors saison: le restaurant est ouvert tous les midis sauf le mercredi, et l’après-midi nous faisons salon de thé. Il m’arrive parfois de faire le quatrième joueur à la belote quand il en manque un», nous confiait Régine. Hiver comme été, Mons ce village de caractère, sur les hauteurs de Fayence et Callian, avec son marché tous les dimanches, son souffleur de verre Léonard Fine mais aussi son sculpteur d’acier et bois Ludovic Asnard, est absolument à découvrir.

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Sybille, malgré le vent glacial a décidé d’ouvrir sa galerie d’artiste.
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L’épicerie ...un des poumons du village l’hiver.

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