La couleur du rosé : jusqu’où ira-t-on ?
Jusqu’à hier soir, l’espace du conseil départemental du Var a fait voir la vie en rose aux Parisiens, en invitant le Centre du rosé, basé à Vidauban. Des centaines de bouteilles d’un lumineux dégradé de roses s’y alignaient depuis samedi. Ils ont pu déguster des vins, mais aussi apporter de précieuses informations à ce Centre de recherche. En effet, celui-ci en a profité pour mener une enquête auprès du public. Le but est de savoir « si le consommateur a plus de plaisir à boire un rosé qui a une odeur de pêche quand il a aussi une couleur pêche », explique le directeur, Gilles Masson.
Changement climatique
« C’est un exemple. Notre hypothèse est que l’émotion peut être décuplée si les arômes et la couleur vont dans le même sens, s’ils chatouillent le même endroit du cerveau.» Émotions et souvenirs augmentent-ils le plaisir ? La réponse n’est pas pour demain, car le Centre du rosé n’est pas au bout de ses recherches. Celles-ci portent aussi sur l’adaptation du vignoble au changement climatique. Le centre du rosé travaille sur des cépages qui auront besoin de moins d’eau, seront plus résistants à la sécheresse et aux maladies. Il s’intéresse à des cépages venant du sud de l’Espagne, de Bulgarie ou de Grèce où le climat est celui que le Var et les Alpes-Maritimes pourraient avoir demain. Mais une des solutions se trouve peutêtre dans le Var et dans un cépage ancien et oublié, car trop sensible à la pourriture. Seulement voilà, les gaz à effet de serre le réhabilitent, en réchauffant l’atmosphère. Ce cépage s’appelle la Roussanne du Var. Heureusement, des viticulteurs en avaient gardé quelques pieds. Le Centre du rosé le teste depuis dix ans. « Il est peu alcooleux, fin, léger. Il résiste bien à la sécheresse et surtout il a une peau claire, bien adaptée à l’élaboration d’un vin rose pâle. » Car pour l’instant, le rosé qui plaît est celui qui a une robe pâle. « On est toujours dans une phase d’éclaircissement. Cependant, on a quelques signaux comme quoi on pourrait avoir atteint un plancher », souligne Gilles Masson. Il ne faudrait quand même pas avoir l’impression de boire de l’eau !