Var-Matin (Grand Toulon)

Plaine du Var: treize chèvres sorties de galère

- CHRISTINE RINAUDO

Treize chèvres maltraitée­s, hors de danger et mises en lieu sûr, chez un particulie­r de l’arrière-pays niçois. Le sauvetage a pris des semaines. Finissant par faire devenir chèvre Patrick Villardry ! Mais le président de la Société de défense des animaux (SDA) est arrivé à faire évacuer les bêtes, dont plusieurs petits, avec le concours de la force publique. Le tonitruant défenseur des animaux a déposé plainte, une procédure est en cours. « Il faut faire payer les gens qui font souffrir les bêtes de la sorte», tempête-t-il. Les chèvres et deux boucs vivaient sur un terrain de la plaine du Var (Alpes-Maritimes), entre les boulevards du Mercantour et Jean-Luciano. Près d’un chemin occupé par des voitures épaves, désossées. D’après Patrick Villardry et des voisins, un homme a conduit les caprins sur un espace qui ne lui appartiend­rait pas, qu’il aurait squatté, cadenassé en toute illégalité. Pour les chèvres, des conditions de vie abjectes : pas d’abri, sol jonché d’huile de vidange, de détritus, d’outils, de parpaings. Rien à boire, rien à manger. « Ce sont des bénévoles qui leur apportaien­t des légumes, du pain dur, du fourrage…»

Deux mois de démarches

Patrick Villardry remue ciel et terre, alerte les services vétérinair­es… Deux mois de démarches et d’enquête de la part de la SDA, rejointe par d’autres associatio­ns telles que Rien que pour Eux et Asa 06. Pendant ce temps, des chèvres mettent bas, mais au moins deux chevreaux meurent, par manque de soins adaptés et d’hygiène. Un bouc passe aussi de vie à trépas. «On l’a vu pendu par une patte à un arbre et égorgé », affirme une riveraine. Le propriétai­re des bêtes, lui, est aux abonnés absents. Injoignabl­e. Que fait-il de ces chèvres délaissées, maltraitée­s? « C’est de l’élevage clandestin, dénonce Alain, bénévole à la SDA. Illégal parce qu’audelà de cinq chèvres, on doit les déclarer à l’établissem­ent départemen­tal de l’élevage régional, émanation de la chambre d’agricultur­e, afin d’obtenir un numéro de cheptel. Tous les ans, un imprimé de recensemen­t est à envoyer à cet organisme. D’autre part, chaque animal doit être identifié à l’aide de boucles auriculair­es, au plus tard dans les six mois suivant la naissance. » Des boucles, les chèvres n’en ont pas. Des parasites oui, en revanche. Le leitmotiv de Villardry est toujours le même en matière de sauvetage animal : « Je ne lâche pas. »

Sous bonne escorte

Il n’a rien lâché. Il a gagné : une escouade de policiers nationaux a débarqué sur le terrain pour suivre le déroulé des opérations. « Trafic de viande illégal», diagnostiq­ue un policier. Avec le concours des uniformes, des bénévoles motivés ont réussi à faire sortir les chèvres, apeurées, de leur enclos insalubres, à les faire monter dans une fourgonnet­te remplie de paille. Direction un terrain privé, situé à la campagne, où elles sont les bienvenues. Au-delà de sa plainte qu’il veut faire aboutir, Patrick Villardry assure le suivi du sauvetage : « Je vais demander à un vétérinair­e de se rendre auprès des chèvres pour leur faire une prise de sang et les soigner. Ensuite, elles seront bouclées et couleront une vie heureuse loin de ce lieu de souffrance… »

 ?? (Photo Ch. R.) ?? Voilà l’endroit, derrière le boulevard du Mercantour, où vivaient les treize chèvres, pas soignées, pas nourries, dormant à la belle étoile. Comme enclos, on peut rêver mieux. C’est désormais chose faite pour les biquettes, recueillie­s par un privé de...
(Photo Ch. R.) Voilà l’endroit, derrière le boulevard du Mercantour, où vivaient les treize chèvres, pas soignées, pas nourries, dormant à la belle étoile. Comme enclos, on peut rêver mieux. C’est désormais chose faite pour les biquettes, recueillie­s par un privé de...

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