Le bruit des Le Pen
Depuis le second tour de la présidentielle, le Front national (FN) est une valeur à la baisse. Résultats en demi-teinte aux législatives, départ du stratège Philippot, débat sur la ligne du parti et même sur son nom : le FN se cherche. Pendant ce temps, les Le Pen père, fille et petite-fille n’en finissent pas de faire parler d’eux. Un bruit médiatique incessant qui prouve bien que l’influence de cette famille hors normes sur la vie politique française est toujours aussi forte. Au petit jeu du « parlezmoi de moi, y’a que ça qui m’intéresse », le patriarche demeure imbattable. A presque ans, éloigné des plateaux télé et mis au ban de son propre parti, Jean-Marie Le Pen réussit avec la sortie de ses mémoires un des pieds de nez magistraux dont il a le secret. Boudé par les grands éditeurs qui se sont unanimement bouché le nez, son livre Fils de la nation est épuisé avant même sa mise en vente demain. Les Editions Muller, habituées à des tirages confidentiels, tiennent là leur premier best-seller. Elles ont annoncé, hier, qu’un nouveau tirage allait être lancé après un premier à cinquante mille exemplaires. Le tome des mémoires du fondateur du FN figure même en tête des meilleures ventes de livres sur Amazon ! Publiées dix jours avant le congrès du FN à Lille auquel le président d’honneur du Front a finalement renoncé à se rendre, les mémoires de Jean-Marie Le Pen arrivent en librairie au moment où sa petite-fille Marion ressort du bois. Quelques mois après avoir renoncé à son mandat de députée du Vaucluse et annoncé son retrait de la vie politique, la nièce de Marine Le Pen a fait un tabac lors d’un rassemblement conservateur à Washington. Expliquant que « la France est en train de passer de fille aînée de l’Église à petite nièce de l’islam », Marion Maréchal Le Pen a livré un discours que n’aurait pas renié son grand-père, relançant d’outre-Atlantique les spéculations concernant son éventuel retour sur la scène politique.
Coincée entre un paternel encombrant qui a «pitié d’elle » et sa nièce dont elle se méfie toujours autant, Marine Le Pen tente, en vain, de reprendre la main. Ses déclarations d’hier, teintées d’une humilité qu’on ne lui connaissait pas, démontrent qu’elle est, aujourd’hui, en situation de fragilité. « Elle [Marion, ndlr] a sûrement beaucoup plus de choses que moi », a admis la députée du Pas-de-Calais, répétant qu’elle est prête à s’effacer en « si les sondages et surtout les adhérents considèrent que quelqu’un est mieux placé pour rassembler et faire gagner nos idées ». Laisser la place à une Le Pen ? On a appris à savoir que dans cette famille, rien n’est impossible.
DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr « Coincée entre un paternel encombrant qui a “pitié d’elle” et sa nièce dont elle se méfie toujours autant, Marine Le Pen tente, en vain, de reprendre la main. »