Syrie : trêve compromise dans la Ghouta après la reprise des hostilités
Les hostilités ont repris, hier, entre forces du régime syrien et insurgés compromettant une trêve humanitaire dans l’enclave rebelle assiégée dans la Ghouta orientale, après plus d’une semaine de bombardements dévastateurs et meurtriers du pouvoir. La trêve quotidienne de cinq heures – de 9hà14h(8hà13hheuredeParis)– pour permettre l’entrée de l’aide ou la sortie d’habitants ou de blessés de l’enclave, a été décrétée lundi par la Russie, le grand allié du régime de Bachar al-Assad, mais les protagonistes se sont aussitôt accusés mutuellement de l’avoir violée. Elle a été annoncée quatre jours après le vote par le Conseil de sécurité de l’Onu d’une résolution réclamant une trêve « sans délai » de trente jours dans toute la Syrie, ravagée par la guerre depuis le 15 mars 2011, qui n’a pas été suivie, elle non plus, d’effet. Après une nuit relativement calme, l’aviation et l’artillerie du régime ont de nouveau bombardé l’enclave contrôlée par les rebelles dans la Ghouta orientale, une vaste région dont les deux tiers sont aux mains des forces prorégime. Six civils, dont deux enfants et une femme, ont péri hier, dont deux durant les heures pendant lesquelles la trêve était censée être appliquée, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Obus, bombes et barils d’explosifs ont été déversés sur l’enclave rebelle. »
« Une farce »
De son côté, l’agence officielle Sana a fait état de la chute de roquettes tirées selon elle par les rebelles sur les couloirs humanitaires au niveau du secteur d’al-Wafidain, à la périphérie de la Ghouta, pour empêcher les civils de quitter l’enclave. Ces accusations ont été relayées par l’armée russe selon laquelle les rebelles ont lancé une « offensive » contre les positions des prorégime dans la Ghouta pendant la « trêve humanitaire ». « Pas un seul civil n’est sorti » du fief rebelle en raison des tirs des insurgés, a indiqué le général russe Viktor Pankov. Pour Moscou, l’avenir de la trêve dépendra de la fin des « provocations » des insurgés. Grâce à l’appui militaire de Moscou depuis 2015, le régime a renversé la donne en multipliant les victoires face aux rebelles et aux djihadistes, jusqu’à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire. Il cherche actuellement à reconquérir la partie rebelle de la Ghouta, la dernière contrôlée par les insurgés aux portes de Damas. Du 18 au 25 février, le régime a soumis l’enclave rebelle à un déluge de feu. Les deux derniers jours, les bombardements ont continué sur la région mais avec une moindre intensité. Au total, 572 civils y ont été tués dont 143 enfants, selon l’OSDH.