Les chantiers d’insertion en danger
Afin de se recentrer sur ses compétences obligatoires, la Région prévoit de se désengager des chantiers d’insertion. Le Département se dit prêt à prendre le relais. Toutefois, les associations d’aide aux travailleurs précaires s’inquiètent.
Soucieuse de se recentrer sur ses compétences obligatoires, la Région Paca souhaite se désengager financièrement des chantiers d’insertion. Une mauvaise surprise pour des structures destinées à remettre en marche des exclus du monde du travail
Il y a des « cadeaux de Noël » qu’on laisserait volontiers au pied du sapin. C’est la réflexion qu’ont partagée fin décembre les responsables d’associations pilotant des chantiers d’insertion lorsqu’ils ont pris connaissance du budget de la Région Paca. Évoquant les grands axes d’un budget de 2,4 milliards d’euros, Renaud Muselier, président de Région a en effet voulu recentrer la collectivité sur ses domaines de compétence. Plus précisément, il estime que la politique sociale n’incombe par directement à la Région et, brandissant la loi NOTRe, assure que « c’est aux conseils départementaux de financer les chantiers d’insertion ».
millions envolés
Résultat : Renaud Muselier prend tout le monde par surprise et annonce que la Région se désengage du dispositif sur deux ans. Une bûche difficile à digérer pour des dizaines de structures qui gardent en mémoire qu’en 2016 encore, la Région participait à leur équilibre financier en injectant 7 millions dans le secteur. Le coup d’arrêt décidé par la collectivité leur a offert une trêve des confiseurs au goût amer.
Les associations indignées
«Surtout, le message que véhicule cette possible perte de moyens, c’est que la Région se désintéresse de la problématique de l’emploi précaire qui doit pourtant bien revenir aux pouvoirs publics», s’indigne par exemple à Hyères Ligna Thongrasamy, responsable des chantiers d’insertion à l’APS (lire ci-contre). La Région avait pourtant jusqu’à présent une politique volontariste de financement, et les chiffres du retour à l’emploi sont meilleurs qu’ailleurs. Je crains que l’on ne fasse une fausse lecture des chantiers d’insertion en les réduisant à un dispositif social alors qu’ils sont un outil de retour à l’emploi», s’agace le responsable. Même colère au Pradet chez Estelle Parandon, directrice de Frat (Faire la route avec toi). « Je peux entendre qu’il faille faire du tri dans les subventions, mais j’ai du mal à accepter que ce soit si brutal. On nous prévient fin décembre et ça devient effectif début janvier. Ça m’énerve d’autant plus que nous attendons encore certains soldes de 2016. » Pour son association, la disparition annoncée de 43 000 euros (dans un budget global de 670 000 euros) correspond à un salaire en moins pour un poste à temps plein.
La contre-attaque suspendue
Le temps d’accuser le coup et d’organiser la contre-offensive, c’est en fin de semaine dernière que le réseau qui regroupe l’ensemble des ateliers chantiers d’insertion avait prévu de mobiliser dans tous les départements de Paca. Objectif : « dénoncer une décision brutale et unilatérale» dans un secteur qui emploie quelque 5 000 salariés. Une série de conférences de presse était prévue dans les départements pour alerter l’opinion publique. Elle a été annulée in extremis par le réseau, qui explique que la Région lui a proposé une rencontre et qu’il est par conséquent judicieux d’attendre un peu pour tirer la sonnette d’alarme.