« Faire la route avec toi » pour retrouver le bon chemin
Des détenus qui bénéficient d’un aménagement de peine ou qui sortent juste de prison, des allocataires du RSA, des jeunes orientés par les missions locales, des seniors envoyés par Pôle emploi ou le Samu social… Dans l’effectif des salariés en insertion de Frat (Faire la route avec toi), c’est la mixité qui règne… Enfin pour les profils car pour le reste, les hommes sont outrageusement majoritaires dans l’association dirigée par Estelle Parandon. Créée en 1997 avec, comme idée première, l’objectif d’offrir un lieu d’hébergement, isolé des tentations et favorable au ressourcement, l’association a récupéré un site exceptionnel abandonné par la Marine en haut de la Colle Noire. En échange, elle s’occupait à l’origine de l’entretien de la structure. Une contrepartie qui a glissé depuis 2009 vers l’organisation de chantiers d’insertion. Elle compte pour cela sur deux marchés publics. Le premier avec la métropole TPM pour l’entretien des espaces verts et de la maçonnerie du massif de la Colle noire. Le second avec la mairie du Pradet pour l’entretien de la plupart de ses espaces naturels. « Ces marchés publics nous assurent
90000 € par an, calcule la directrice qui compte un effectif permanent d’une douzaine de salariés. On complète avec environ 40 000 euros de prestations auprès des particuliers comme la taille et l’abattage d’arbres ou broyage de déchets verts. » Pas suffisant évidemment pour équilibrer le budget de fonctionnement de l’association, autour de 670 000 €. Comme ses homologues, Frat compte pour cela sur les subventions de l’État (Direction départementale de la cohésion sociale, Agence régionale de santé, administration pénitentiaire...) et les collectivités locales (région, département, métropole). De quoi accompagner une cinquantaine de personnes par an. Car Frat ne perd pas de vue que l’organisation de chantiers n’est pas un objectif, mais un moyen. Durant les mois que les salariés passent au sein de la structure, « les espaces verts et la maçonnerie ne
sont que des activités support, sourit
Estelle Parandon. On ne regarde même pas si le public qu’on accueille a des compétences dans ces domaines. L’objectif est de leur apprendre à respecter le cadre d’un contrat de travail. Venir à l’heure, prévenir s’ils sont absents, respecter des consignes, travailler en équipe. Ce sont tous ces “savoir-être” qui sont importants. » À côté des quelque 20 h par semaine que les salariés passent sur les chantiers, ils consacrent 6 h à l’accompagnement social et professionnel que leur propose l’association. « Et à l’issue du passage par Frat, en 2017, on comptabilise 68 % de sorties dynamiques, c’est-à-dire débouchant sur un emploi ou une formation.»