Var-Matin (Grand Toulon)

Peaufiner le mode d’emploi

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

C’était prévu pour le  mars. Ce sera finalement quelques semaines plus tard. L’essentiel, selon Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, c’est que la loi contre les violences sexistes et sexuelles soit bien votée avant l’été, qu’aucune peccadille juridique n’en retarde son applicatio­n. Alors que les dossiers brûlants s’accumulent sur le bureau du gouverneme­nt, il ne faudrait pas que le texte s’égare dans le trafic des navettes parlementa­ires. Car il y a urgence. On pensait avoir tout vu avec l’affaire Weinstein. Ce n’était qu’un déclencheu­r. Depuis, les signaux d’alerte se multiplien­t. La France n’échappe pas à un phénomène planétaire. Le bilan  tenu par le ministère de l’Intérieur renferme, a lui seul, toutes les raisons d’agir.   personnes ont été officielle­ment victimes de violences sexuelles. Les statistiqu­es n’ont fait que s’emballer tout au long de l’année. Les agressions sexuelles autres que les viols ont bondi de  %. Si toutes les victimes se signalaien­t, on serait sans doute plus proche des...   plaintes par an. Des femmes jeunes, voire très jeunes, dans leur écrasante majorité. Une violence présente partout. À la maison, dans la rue mais aussi au bureau ou la pression sexuelle, celle qui va au-delà de la blague grivoise sans aller jusqu’à la tentative de viol, est une immense zone grise, très largement tabou. Pour faire évoluer les conscience­s, la société civile gardera un rôle capital. Ainsi, on peut saluer l’initiative de celles qui porteront demain lors de la cérémonie des César, un ruban blanc en signe de reconnaiss­ance. Mais c’est bien aux politiques de prendre le relais. Et si le gouverneme­nt a besoin de quelques jours supplément­aires pour bien cadrer son texte, qu’il les prenne ! Il paraît si compliqué, de prime abord, de coller une amende à quelqu’un qui se rendra coupable de harcèlemen­t de rue – l’une des mesures emblématiq­ues dévoilées hier – qu’il vaut mieux en peaufiner le mode d emploi. La secrétaire d’État n’est pas la seule à devoir prendre ses responsabi­lités dans ce dossier. Les parlementa­ires devront aussi être à la hauteur d’un débat qui dépasse largement le cadre national. Face à la douleur, avouée ou non, de tous ceux qui souffrent de ce fléau, la France s’honorerait d’être l’une des premières nations d’Europe à abaisser le niveau des violences sexuelles sur son sol. Ce serait en tout cas conforme à notre réputation, celle d’un pays qui sait placer les valeurs humaines au-dessus de tout, y compris de ses différence­s.

« La France s’honorerait d’être l’une des premières nations d’Europe à abaisser le niveau des violences sexuelles sur son sol. »

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