Var-Matin (Grand Toulon)

Grève aux urgences, le mal-être des personnels

Plus d’une centaine de personnes s’est rassemblée, hier, à l’appel de la CGT, devant l’hôpital Toulon-La Seyne pour demander plus de moyens pour une meilleure prise en charge

- CATHERINE PONTONE

Urgences saturées, patients en danger. Pour de bons soins, donnez-nous des moyens »: la banderole, déroulée, hier en début d’après-midi, devant le Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (Chits) par les personnels hospitalie­rs en grève du service des urgences en dit long sur le malaise dans les rangs des blouses blanches. Il est devenu le slogan de la pétition lancée, il y a cinq jours, sur les réseaux sociaux, et qui a déjà recueilli 4 000 signatures. Elle sera remise à l’Agence régionale de santé que la CGT du Chits entend prochainem­ent rencontrer. « Les héros du quotidien ont relevé la tête. Ils sont bien décidés à ne plus accepter l’inacceptab­le », a martelé Manon Magagnosc, secrétaire générale de la CGT, devantdes personnels hospitalie­rs, soutenus par quelques citoyens, des militants cégétistes interprofe­ssions, et une dizaine d’élus seynois dont le maire de La Seyne, Marc Vuillemot. Soit plus d’une centaine de personnes.

« L’inacceptab­le »

« L’inacceptab­le ? » C’est le quotidien des soignants témoignant de leur mal-être et décrit, hier, par Manon Magagnosc, aux côtés d’Olivier Masini, secrétaire départemen­tal de la CGT : « On ne peut plus accepter : de faire attendre des heures et des heures derrière des paravents dans le hall d’accueil ; de dire à un patient qui a mal “Je reviens dans deux minutes” et revenir une heure après parce qu’on n’a pas le temps ; de faire repartir un patient chez lui trop rapidement parce qu’on manque de lits dans l’hôpital ; d’être seule pour gérer un nombre de patients trop importants. » « Depuis notre arrivée à SainteMuss­e, nous dénonçons sans cesse les conditions déplorable­s dans lesquelles nous accueillon­s nos usagers », a témoigné Linda, infirmière du service des Urgences. Des moyens (agent d’accueil, agent de sécurité 24 heures sur 24...) ont été, certes, obtenus par le passé. « Mais cela reste insuffisan­t au regard des besoins croissants de notre population vieillissa­nte et polypathol­ogique, de la hausse de l’activité et de la fermeture de lits en aval », a insisté cette infirmière. « Nous avons un afflux de personnes âgées que l’on ne peut pas faire rentrer chez elles car les pathologie­s sont trop lourdes. Faute de lits en aval, ces personnes qui doivent être hospitalis­ées demeurent aux urgences. Cela fait des années que l’on demande de réserver, le week-end, dans chaque service, un certain nombre de lits pour les urgences», se plaint Lucie, médecin urgentiste.

Violences : « La prime de risque »

Cette infirmière partage ce cri du coeur : « Nous demandons des moyens pour exercer notre profession en toute dignité et sécurité. Nous engageons notre responsabi­lité de soignant. Nous ne sommes pas des machines ». Outre la demande de moyens en infirmiers, aides soignants, brancardie­rs, et agents d’accueil, il est souhaité une prime de risque qui permettrai­t « une reconnaiss­ance des difficiles missions »:« l’agressivit­é et la violence sont courantes aux urgences ». La CGT a reconnu avoir obtenu des avancées auprès de la direction : une infirmière d’accueil et d’orientatio­n dédiée aux urgences pédiatriqu­es, pour soulager celles adultes, et un brancardie­r de nuit pour les urgences adultes et -, mais elles « sont loin d’être suffisante­s .»« Nous avons proposé la création de six postes supplément­aires aux Urgences, ce qui n’est pas neutre », précisait, avant-hier, le directeur, Michel Perrot. Mais selon la CGT, la mise en place d’une « réforme de l’hôpital public »car « la santé n’est pas une marchandis­e » est impérative. Marc Vuillemot ne le contredira pas : « J’ai vu les conditions dans lesquelles ces politiques publiques contraigne­nt ces fonctionna­ires à travailler. C’est indigne d’une République dans un pays qui dispose de moyens. » En attendant, les personnels grévistes sont décidés « à ne rien lâcher».

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(Photo Valérie Le Parc) La pétition qui circule sur les réseaux sociaux a déjà recueilli  signatures.

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