Var-Matin (Grand Toulon)

Pour une agricultur­e durable, de qualité et de proximité

Plusieurs dossiers préoccupen­t les responsabl­es de la Confédérat­ion paysanne qui militent pour un changement de modèle agricole et soutiennen­t des initiative­s porteuses de développem­ent

- PROPOS RECUEILLIS PAR V.G. vgeorges@nicematin.fr

Porte-parole régional de la Confédérat­ion paysanne, Olivier Bel n’a pu se rendre hier à une réunion débat à Correns en raison de l’état des routes enneigées. C’est donc au téléphone que cet éleveur a répondu aux questions de Var-matin.

En plein salon de l’agricultur­e, quelles sont vos inquiétude­s ? Les choix précédents du ministre de l’Agricultur­e, notamment sur la nonrevalor­isation sur les  premiers hectares, laissent craindre le pire quant aux négociatio­ns de la PAC  et à la voix

(1) portée par la France. Les filières d’élevage vont être très impactées. La gestion des aides PAC qu’il s’agisse du dossier des surfaces pastorales ligneuses (SPL) ou des zones défavorisé­es simples est catastroph­ique. Le Ministère a redéfini le zonage ouvrant droit à l’indemnité compensato­ire de handicaps naturels (ICHN). Une grande partie du Var va sortir du périmètre. On peut remettre en cause les aides publiques, mais les annonces sont toujours faites au dernier moment et les gens mis devant le fait accompli. Nous sommes sur la programmat­ion -, des jeunes se sont installés en misant dessus. Pour , après les déclaratio­ns PAC faites au printemps, ils risquent déjà de ne plus les percevoir. Idem pour les SPL, importante­s pour les éleveurs mais aussi le commun. Il est question qu’elles ne soient plus éligibles aux aides de la PAC. Cela déstabilis­e les éleveurs et les paysans dans leur ensemble. Le gouverneme­nt a jusqu’au  mars pour agir en faveur de centaines de paysans privés brutalemen­t d’aides PAC auxquelles ils avaient droit il y a un an encore.

Croyez-vous au changement de modèle agricole ? On le souhaite mais on est toujours dans des négociatio­ns de bouts de ficelle qui maintienne­nt les acquis du modèle agroalimen­taire. Ce n’est pas une politique agricole. On a, dans les discours, un président de la République qui parle à Rungis d’une transition indispensa­ble, les États généraux de l’alimentati­on avec des effets de déclaratio­n sur le changement du modèle, mais la réalité, c’est que quels que soient les sujets, on est dans une suppressio­n des aides en faveur d’une autre agricultur­e. Le modèle dominant, pourtant en faillite, n’est pas remis en cause. Et le processus s’accélère. C’est presque schizophrè­ne, avec des discours sur le bien manger, la démocratie alimentair­e, et dans les faits rien de cela…

Que pensez-vous du nouveau plan loup ? C’est le changement dans la continuité ! Ce plan n’a pas pris la mesure de ce qu’il se passe depuis  ans, les éleveurs ne sont pas écoutés. On va à la catastroph­e. On risque de voir une radicalisa­tion des paysans et des défenseurs du loup.

Quelles sont vos propositio­ns ? Notre réponse se construit sur les territoire­s avec des gens qui s’organisent, des initiative­s pour développer une agricultur­e paysanne, parmi lesquelles l’expériment­ation d’un outil d’abattage de proximité dans le Lubéron, la mise en place d’un comité d’action juridique dans le Var, structure d’accompagne­ment des exploitant­s sur le droit rural, le droit agricole. Mais la réglementa­tion n’est pas adaptée à ces initiative­s-là. L’administra­tif prend de plus en plus de place et de temps. On a heureuseme­nt des relations satisfaisa­ntes avec les services décentrali­sés de l’État en Paca, contrairem­ent avec nos interlocut­eurs du Conseil régional.

Quelles ont été vos récentes actions régionales ? Nous sommes acteurs de la transition, force de soutien et de solidarité envers les exploitant­s en difficulté. Par exemple, nous nous sommes mobilisés en janvier pour des éleveurs de Régusse en conflit avec leur propriétai­re. Nous avons travaillé sur un guide de biosécurit­é pour les petits élevages de volailles en vente en circuit court. Sur les sangliers, nous n’avons de cesse d’alerter les autorités car la situation n’est plus possible, certains producteur­s ont jusqu’à  % de pertes de récoltes. Face à une fin de non-recevoir de l’administra­tion, nous insistons pour obtenir rapidement une réunion avec toutes les parties prenantes. Nous avons aussi accompagné la possibilit­é pour la brousse du Rove de devenir la deuxième AOC fromagère de Paca. C’est presque fait. 1. Politique agricole commune.

 ?? (DR) ?? Olivier Bel et la Confédérat­ion paysanne défendent une agricultur­e durable, de qualité et de proximité.
(DR) Olivier Bel et la Confédérat­ion paysanne défendent une agricultur­e durable, de qualité et de proximité.

Newspapers in French

Newspapers from France