Var-Matin (Grand Toulon)

«On ne devient pas n° mondial à douze ans»

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Quart de finaliste à Wimbledon en  et e joueuse mondiale la même année au classement WTA, Séverine Beltrame a dirigé une mission sur la formation des - ans auprès de la direction technique nationale en . Celle qui est aujourd’hui consultant­e chez BeIN Sports livre son regard sur la formation des futurs champions et sur le parcours de Kyara.

Séverine, peut-on échapper aux fameuses académies spécialisé­es et songer pour autant, comme la jeune Kyara Belhadj, à une future carrière ? Vous savez, j’ai débuté le tennis à  ans. Quand j’ai commencé, Amélie Mauresmo était déjà très loin devant. Mais il y avait la volonté de mes parents de mettre la priorité sur les études que j’ai donc suivies sans horaires aménagés. Une fois le bac en poche, comme j’avais quand même de très bonnes bases en m’entraînant dans mon club le soir et le week-end pendant des années, j’ai pu rejoindre une petite structure située du côté d’Aix-en-Provence à l’âge de  ans. L’année d’après, je rentrais dans le top . C’est bien la preuve qu’il y a plusieurs chemins. Mais vous faites figure d’exception... Même si, dans un schéma différent, c’est faisable aussi, si l’on prend les meilleurs, ceux du top  mondial, on se rend effectivem­ent compte qu’à  ans, ils fréquentai­ent déjà le circuit européen, faisaient beaucoup d’heures d’entraîneme­nt et de nombreux déplacemen­ts. Je n’aime pas le terme « sacrifice », mais ça demande quand même de l’implicatio­n à tous les niveaux. Après, encore faut-il que ce soit la volonté de l’enfant. Justement, quand on pense à ce schéma précoce, on songe à ces académies qui ont fleuri dans les années , , et à ces joueurs formés dans la douleur comme Agassi qui disait détester le tennis. N’est-ce pas risqué ? Ces académies auxquelles vous pensez n’existent pas vraiment en France. En revanche, on trouve aujourd’hui ces schémas en République Tchèque. Là-bas, ils nous disent que les études c’est sur les courts de tennis. Malheureus­ement, comme il n’y a pas de plan B, ça fait des dégâts pour ceux qui restent sur le carreau. L’entraîneur de Kyara explique qu’à son âge, le classement passe un peu au second plan. Ça vous semble important de se détacher de la pression des résultats ? C’est important, mais il y a quand même des temps de passage. Après, il y a tellement d’exemples, comme Sébastien Grosjean ou Arnaud Clément, pour parler des régionaux, qui étaient loin d’être les meilleurs à  ans. Et puis vous savez, ce n’est pas à  ans qu’on devient numéro  mondial.

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