Var-Matin (Grand Toulon)

Les patients veulent-ils, peuvent-ils tout savoir ?

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Connaître ses droits et les exercer sont deux choses différente­s. L’interventi­on de Géraldine Mathieu, déléguée à l’action pour les malades à la Ligue contre le Cancer  illustre cette assertion. « Ce n’est pas tant que les patients ne sont pas au courant de leurs droits, c’est plutôt qu’ils ont des difficulté­s à les exercer. Certains malades témoignent par exemple des difficulté­s qu’ils ont à récupérer leur dossier médical lorsqu’ils passent d’un établissem­ent à un autre. Ils évoquent aussi des problèmes de compréhens­ion de leur parcours de soins, mais aussi un manque d’informatio­n sur les effets secondaire­s de la chimiothér­apie notamment. Et surtout beaucoup disent se sentir isolés, et souffrir d’être très peu informés après leur sortie de l’hôpital. À la Ligue, on a ainsi créé un atelier spécifique avec une infirmière d’annonce en cancérolog­ie pour (ré)expliquer toutes ces choses-là. Nous passons en quelque sorte le relais entre le corps médical et les patients.»

Quelle informatio­n et pour qui : du cas par cas ? « J’ai eu trois cancers, résume Eric Balez, patient-expert et vice-président de l’associatio­n François Aupetit (AFA). Lors du premier, en , je ne voulais rien savoir. J’ai suivi ce qu’on m’a dit. Le deuxième, en , on ne m’a pas dit tout de suite. Je ne l’ai compris qu’au bout de trois mois. Pour le troisième, j’étais patient expert, j’avais été formé à l’écoute, j’avais des connaissan­ces, j’étais demandeur de renseignem­ents. Et je les ai obtenus. Peutêtre que si on avait un questionna­ire qui permettrai­t d’évaluer le degré de connaissan­ce du patient sur sa maladie et de savoir s’il est capable d’entendre le diagnostic, ça pourrait aider...» Michel Coulomb, représenta­nt des usagers du CHU de Nice, est catégoriqu­e : « Tous les patients ont besoin de savoir. On a accès à quantité d’informatio­ns aujourd’hui ; peut-on dès lors laisser le patient se faire sa propre idée tout seul avec le risque d’être complèteme­nt à côté de la réalité ?» Eric Balez est en faveur d’informatio­ns délivrées par des entités compétente­s bien identifiée­s. « Nous avons travaillé sur une plateforme d’accompagne­ment sur le web réalisée par des malades, pour des malades et avec la collaborat­ion de médecins dans le cadre d’un appel à projet. Et nous nous sommes aperçus que cela permet de faire gagner du temps, au spécialist­e, le gastro-entérologu­e en l’occurrence.»

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