Var-Matin (Grand Toulon)

«Il m’a dit: “Tiens, je te snap ”» ()

- PIERRE-MICKAËL AYI

Cet agresseur voulait infliger à sa victime une violence perpétuell­e : celle des réseaux sociaux. Jugé coupable de violence volontaire ayant entraîné une ITT de 45 jours, un jeune Toulonnais a été condamné, vendredi, par le tribunal correction­nel à une peine d’un an d’emprisonne­ment, avec maintien en détention. Récidivist­e, le résident de Bon-Rencontre a reconnu un règlement de comptes, qu’il a lui-même filmé avec un smartphone et diffusé par la suite sur l’applicatio­n de partage Snapchat. À la barre, ce peintre en bâtiment a tenté de minimiser l’intensité des coups portés, murmurant « trois gifles » assénées au visage de la victime. Mais le constat de la partie civile, présente au procès, a été plus amer : à la suite de l’incartade du 10 août dernier, à proximité de la place d’Espagne, elle a déclaré souffrir de multiples fractures de la mâchoire, du nez, ainsi que de déplacemen­ts des sinus. Il faut dire que l’agression s’était déroulée dans un contexte sulfureux : les deux jeunes, placés sous contrôle judiciaire, avaient interdicti­on de se rencontrer, à la suite d’une ancienne infraction commune aux produits stupéfiant­s.

« J’ai voulu me venger… »

« Pourquoi l’avez-vous frappé ? », a demandé la présidente du tribunal, Patricia Krummenack­er, au suspect. « Il a dit aux gens que j’étais une balance, susurrait-il. (...) À la base, je voulais juste m’expliquer avec lui, je ne cherchais pas l’incident. » « Et en filmant, vous cherchiez quoi ? » « J’ai voulu me venger… » L’invective a débuté après un regard échangé. L’assaillant, alors consommate­ur d’un bar, a fondu sur sa proie, passagère d’un véhicule à l’arrêt du feu tricolore. Le suspect aurait alors pénétré de force dans la voiture, terrorisé le conducteur tout en bloquant sa victime contre la portière. Le conducteur n’a même pas souhaité témoigner, « par peur de représaill­es ». « Ce n’est pas une poésie Madame, c’est une histoire que je n’oublierai jamais, se plaignait avec force la victime, face au tribunal. (...) La vidéo, c’était à la fin. Il m’a dit : “Tiens, je te snap…” » Au ministère public, Isabelle Couderc relevait des photos « incontesta­bles », et requérait dix-huit mois de prison contre le suspect. En défense, Me Christophe Hernandez dénonçait les « allégation­s superflues » de la victime, préconisan­t une peine d’emprisonne­ment avec sursis avec mise à l’épreuve. « Il (mon client) a un problème avec la violence, a-t-il exposé. Mais c’est un impulsif ténébreux, capable de faire des choses positives. » En définitive, le tribunal a jugé recevable la constituti­on de partie civile, commandé une expertise médicale et une provision de plus de 3000 euros en réparation du préjudice subi. 1. Comprendre: “Je t’ai filmé sur le réseau social Snapchat.”

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