Var-Matin (Grand Toulon)

Nice : « Aidez-nous à retrouver notre père atteint d’Alzheimer »

- CHRISTOPHE CIRONE

Voilà six jours que Romain, Xavier et Jauffrey ont engagé une course contre la montre. Une quête effrénée sur les traces de leur père Gérard Bastiani, Niçois de 64 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer. Depuis le mardi 27 février, ils sont sans nouvelle de leur père. Depuis le premier jour, les trois frères remuent ciel et terre pour retrouver leur papa, suscitant une bluffante chaîne de solidarité. Ils appellent à prolonger celle-ci. Et même à l’amplifier, afin d’optimiser leurs chances. Gérard Bastiani peut avoir beaucoup voyagé durant ce long laps de temps, à travers les Alpes-Maritimes, dans le Var ou en Italie.

« Il faut une piste »

« On a besoin de l’aide de tous. La clé, c’est de trouver quelqu’un qui l’a croisé. Il faudrait un point de départ. Une piste que nous n’avons pas pour l’instant », insistent Romain, 27 ans, Xavier, 35 ans, et Jauffrey, 37 ans. Seuls deux témoins disent avoir vu passer Gérard Bastiani, ce mardi 27 février, avenue Désambrois. « Une voisine l’a vu sortir du bâtiment. Et le garagiste l’a vu passer. » Ce matin-là, peu après 10 h, Gérard Bastiani quitte le domicile de sa mère, au pied de la colline de Cimiez. Sa trace se perd ensuite. A-t-il emprunté son itinéraire habituel pour rejoindre l’avenue Jean-Médecin, puis la Promenade des Anglais ? A-t-il arpenté le bord de mer en direction de l’un de ses spots favoris – la Réserve, le MontBoron, voire le col de Villefranc­he ? A-t-il entrepris de rejoindre Grasse, où il a vécu plusieurs années ? Seuls indicateur­s : « Il aime la mer et c’est un très bon marcheur. Il a une excellente condition physique... à part son problème de santé. » Bien que jeune sexagénair­e, Gérard Bastiani souffre du mal de nos seniors : Alzheimer. La maladie s’est manifestée à l’aube de la soixantain­e, obligeant cet artisan en peinture-rénovation à cesser son activité. « La maladie se développe très vite chez les sujets jeunes, soupirent ses enfants. Pour la mémoire ancienne et géographiq­ue, il est au top. C’est la mémoire immédiate qui fait défaut...» Dès lors, Gérard Bastiani se retrouve en situation de vulnérabil­ité. D’autant que sa disparitio­n a coïncidé avec les jours les plus froids de l’hiver. Dès mardi soir, son signalemen­t a été diffusé aux forces de l’ordre dans l’ensemble des Alpes-Maritimes. Pour Romain, Xavier et Jauffrey, ce n’était qu’un début. Le soir-même, avec une quinzaine d’amis, ils ont « quadrillé la ville » dans ses moindres recoins. Depuis, les trois frères ont tout tenté. Collé des affiches partout, jusque dans le Var et en Italie. Inondé les réseaux sociaux. Ecumé les hôpitaux et les centres d’hébergemen­t d’urgence. Sollicité « les SDF, les facteurs, les éboueurs, les douaniers, les chauffeurs de bus... » Ils ont imaginé tous les scénarios. Le rassurant. Le pire. Tous. Car Gérard Bastiani est « un homme joyeux, souriant, qui aime la vie, très gentil, sociable et avenant ». Il est aussi, du fait de sa maladie, un adulte « aussi vulnérable qu’un enfant ». Les yeux cernés de fatigue, les fils Bastiani n’oublient pas d’adresser un « merci » ému à tous ceux qui les aident, « du simple partage sur Facebook à ceux qui participen­t aux recherches ». Une foule d’anonymes solidaire soutenue par les élus locaux, l’OGC Nice et ses joueurs. « Ils nous renforcent. Car sans cela, c’est pas évident... »

 ?? Sébastien Botella) ?? Xavier, Romain et Jauffrey Bastiani, place Masséna hier, avis de recherche en mains.(Photo
Sébastien Botella) Xavier, Romain et Jauffrey Bastiani, place Masséna hier, avis de recherche en mains.(Photo

Newspapers in French

Newspapers from France