Quitte ou double
Voilà qu’au milieu de tant de réformes, de restructurations ou de changements annoncés, Emmanuel Macron inscrit à la une de son ordre du jour la réforme des institutions. La Ve République fête cette année son soixantième anniversaire, il est temps, pour le Président qui n’a jamais varié sur ce point, de faire sa toilette. Rien d’inattendu dans cette démarche puisque les principes en étaient inscrits dans son programme électoral. Mais vaste programme, là encore, d’autant qu’il amènera sûrement Emmanuel Macron à un affrontement avec le Sénat – donc avec ce qui reste de l’opposition de droite, quitte à en recoller les morceaux. Dans les propositions qui seront mises sur la table à partir de demain, beaucoup d’entre elles ont un écho favorable auprès d’une majorité de Français, comme la réduction d’un tiers du nombre des parlementaires. D’autres sont plus politiques, comme l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives et répondent à une demande faite, avant même son élection, par François Bayrou. D’autres enfin sont carrément insupportables pour les sénateurs surtout : la limitation à trois mandats successifs (sauf pour les maires des communes inférieures à habitants). La volonté d’Emmanuel Macron est claire : rien n’est pire, en politique, selon lui, que les professionnels qui font de leur mandat un métier et pas une mission. Mais, pour le Président du Sénat, celle limitation est irrecevable : après tout, un élu ne l’est que parce que ses électeurs le choisissent. Limiter le nombre des mandats serait en quelque sorte s’inscrire contre la volonté du sacro-saint suffrage universel. Jusqu’où Emmanuel Macron est-il décidé à aller dans ce combat ? Il n’a pu jusqu’à présent convaincre le président du Sénat, Gérard Larcher, qui en fait une « ligne rouge » infranchissable. Alors, le président de la République est-il prêt à aller jusqu’au référendum pour faire passer son projet institutionnel ? On le sait, un référendum est toujours dangereux, car les Français ne répondent jamais à la question posée mais en profitent pour dire oui on non à ceux qui les gouvernent. C’est pourtant le risque qu’apparemment le Président serait prêt à prendre. Le quitte ou double permanent est dans sa nature.
« Un référendum est toujours dangereux, car les Français ne répondent jamais à la question posée mais en profitent pour dire oui on non à ceux qui les gouvernent. »