Démocratiser l’entreprise
Dans son numéro de mars, la revue Alternatives économiques (1) met notamment un coup de projecteur sur le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, devrait présenter en Conseil des ministres le 18 avril. Ce projet de loi vise à booster les entreprises françaises par un catalogue de mesures à favoriser le financement, la croissance, l’innovation ou la capacité des entreprises à exporter. Mais cela pose « de manière implicite la
question de leur démocratisation », soulève le journaliste économique Christian Chavagneux. On se souvient qu’en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de redéfinir le rôle des entreprises et de permettre aux salariés d’être intéressés à leurs résultats. Pour développer la participation – obligatoire depuis 1990 dans les entreprises d’au moins 50 salariés – et l’intéressement – malheureusement facultatif –, l’exécutif envisagerait de supprimer le « forfait social » de 20 % payé par les entreprises à la Sécurité sociale et d’encourager l’actionnariat salarié. Si la première mesure semble séduisante pour les patrons, la seconde, en revanche, risque de ne pas recueillir le même enthousiasme auprès des salariés en raison de la double peine qui se dessinerait en cas de difficultés économiques traversées par l’entreprise : la perte de leur emploi couplée à la perte d’une part de leur épargne... Alors Guillaume Duval évoque une autre piste pour « intéresser » les salariés (au sens de la créativité, de l’investissement professionnel) au développement de leur entreprise : modifier les règles de gouvernance en dotant les salariés d’un véritable pouvoir au sein des conseils d’administration comme en Allemagne depuis maintenant quarante ans : « Ils occupent la moitié des sièges dans les entreprises de deux
mille salariés », écrit-il. Car le grand absent de ce Pacte, c’est bien le pouvoir des salariés dans l’entreprise. Un état pointé du doigt par la revue économique qui rappelle que « le pouvoir de veto très étendu dont sont dotés les comités d’entreprise, n’a pas empêché l’industrie allemande de devenir très compétitive. Au contraire, les lourdes contraintes qui obligent les chefs d’entreprise outre-Rhin à prendre en compte l’avis de leurs salariés sont manifestement une des clés essentielles de leur succès, en permettant une réelle implication des salariés ». Emmanuel Macron osera-t-il démocratiser l’entreprise ?