Var-Matin (Grand Toulon)

Démocratis­er l’entreprise

- 1. « Alternativ­es économique­s », n° 377, mars 2018, 4,90 € (en vente sur Internet : www.alternativ­es-economique­s.fr)

Dans son numéro de mars, la revue Alternativ­es économique­s (1) met notamment un coup de projecteur sur le Plan d’action pour la croissance et la transforma­tion des entreprise­s (Pacte) que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, devrait présenter en Conseil des ministres le 18 avril. Ce projet de loi vise à booster les entreprise­s françaises par un catalogue de mesures à favoriser le financemen­t, la croissance, l’innovation ou la capacité des entreprise­s à exporter. Mais cela pose « de manière implicite la

question de leur démocratis­ation », soulève le journalist­e économique Christian Chavagneux. On se souvient qu’en pleine campagne présidenti­elle, Emmanuel Macron avait promis de redéfinir le rôle des entreprise­s et de permettre aux salariés d’être intéressés à leurs résultats. Pour développer la participat­ion – obligatoir­e depuis 1990 dans les entreprise­s d’au moins 50 salariés – et l’intéressem­ent – malheureus­ement facultatif –, l’exécutif envisagera­it de supprimer le « forfait social » de 20 % payé par les entreprise­s à la Sécurité sociale et d’encourager l’actionnari­at salarié. Si la première mesure semble séduisante pour les patrons, la seconde, en revanche, risque de ne pas recueillir le même enthousias­me auprès des salariés en raison de la double peine qui se dessinerai­t en cas de difficulté­s économique­s traversées par l’entreprise : la perte de leur emploi couplée à la perte d’une part de leur épargne... Alors Guillaume Duval évoque une autre piste pour « intéresser » les salariés (au sens de la créativité, de l’investisse­ment profession­nel) au développem­ent de leur entreprise : modifier les règles de gouvernanc­e en dotant les salariés d’un véritable pouvoir au sein des conseils d’administra­tion comme en Allemagne depuis maintenant quarante ans : « Ils occupent la moitié des sièges dans les entreprise­s de deux

mille salariés », écrit-il. Car le grand absent de ce Pacte, c’est bien le pouvoir des salariés dans l’entreprise. Un état pointé du doigt par la revue économique qui rappelle que « le pouvoir de veto très étendu dont sont dotés les comités d’entreprise, n’a pas empêché l’industrie allemande de devenir très compétitiv­e. Au contraire, les lourdes contrainte­s qui obligent les chefs d’entreprise outre-Rhin à prendre en compte l’avis de leurs salariés sont manifestem­ent une des clés essentiell­es de leur succès, en permettant une réelle implicatio­n des salariés ». Emmanuel Macron osera-t-il démocratis­er l’entreprise ?

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