Ce que Roux de Bézieux veut pour l’entreprise L’entretien
Geoffroy Roux de Bézieux, le serial entrepreneur national, actionnaire de Chullanka dans les Alpes-Maritimes, se lance dans la course à la présidence du Medef
Il l’avait déjà été il y a cinq ans avant de se désister au profit de Pierre Gattaz. Autres temps, autre style, le candidat Geoffroy Roux de Bézieux veut sortir du Medef de combat pour aller vers un Medef d’idées. Il veut aussi en finir avec l’image de Patron des patrons et se projette davantage en porte-voix des entrepreneurs. L’élection à la présidence du Medef aura lieu le 3 juillet prochain. La campagne officiellement lancée, homme de terrain au contact facile, Geoffroy Roux de Bézieux est venu à la rencontre des entrepreneurs azuréens ce jeudi à SaintLaurent-du-Var. Un temps d’échange particulièrement fructueux au siège de l’UPE06, dont il est luimême adhérent via Chullanka, l’entreprise spécialisée dans l’outdoor à Antibes dans laquelle il a investi il y a deux ans.
Quel rôle pour le Medef
Geoffroy Roux de Bézieux, le réaffirme sur le terrain comme dans sa profession de foi : face à un gouvernement officiellement pro-entreprise, les lignes doivent forcément bouger. « Nous devons passer d’un Medef de combat à un Medef de propositions. Être à la fois l’avant-garde des entrepreneurs et l’aiguillon des réformes. Notre rôle est de faire du lobbying au national sur le volet fiscal et social et d’évangéliser auprès des entrepreneurs en matière de transition numérique et écologique. »
Son regard sur les grandes mutations
Geoffroy Roux de Bézieux ne cache ni le potentiel ni les limites du mouvement patronal face aux mutations que traversent les entreprises, enjeux numériques et énergétiques en premier. «Ce ne sont pas les premières révolutions auxquelles les entrepreneurs sont confrontés, mais elles sont sans précédent par leur ampleur et leur vitesse. Qui eût imaginé qu’un startuper pourrait un jour fonder une entreprise pour envoyer des gens sur mars ? « Le numérique bouleverse les chaînes de valeur dans tous les secteurs. La robotique et l’intelligence artificielle transforment le travail et la place de nos salariés dans l’entreprise. L’irruption de géants mondiaux change la donne concurrentielle. « La transition énergétique et écologique n’est plus un débat, elle est transversale à tous les sujets de l’entreprise. Elle nous oblige à repenser nos modèles de production, de construction, de mobilité et d’infrastructures. L’action du Medef doit s’inscrire dans ce sens. »
Ses priorités
« La compétitivité coût et hors coût, le marché du travail, la formation, l’innovation, la croissance durable, la conquête de l’international et la construction européenne. » Et Geoffroy Roux de Bézieux de rappeler que le Medef ne représente pas que le CAC40 : « C’est nous caricaturer. En moyenne, les adhérents du Medef sont des entreprises de 70 salariés. »
Sa conception du dialogue social
« Nous en avons besoin plus que jamais. Y compris avec les représentants des salariés. Les modèles d’organisation de nos entreprises divergent entre secteurs. Nous devons le décentraliser dans les branches et les entreprises afin de mieux le revitaliser. »
L’évolution du Medef
« Il y a 20 ans, le CNPF devenait le Medef pour s’adapter, déjà à un monde qui commençait à se transformer. Il est temps de se remettre à l’ouvrage, pour imaginer et construire ensemble le mouvement des entrepreneurs de demain. Notre mouvement doit réconcilier les Français avec la prise de risque et l’innovation, pour susciter le consensus autour des réformes nécessaires et permettre à celles-ci d’être négociées dans le cadre de notre démocratie sociale. »
Quelle gouvernance ?
« À l’heure des réseaux sociaux et de l’information instantanée, notre légitimité, conférée en 1945, ne fait plus consensus. Nous devons imaginer une nouvelle gouvernance équilibrée entre branches et territoires, qui, à la fois représente mieux toutes les composantes du monde entrepreneurial, en particulier les femmes et les jeunes entrepreneurs, et qui puisse porter différemment et plus efficacement nos idées. »
Par quel financement ?
« Le Medef est la dernière organisation patronale majeure en Europe à ne pas dépendre à 100 % de cotisations volontaires. Nous devons réfléchir ensemble à atteindre cet objectif indispensable pour notre légitimité, tout en gardant notre capacité d’action. »
Un changement de nom ?
«Il faut qu’on fasse un bilan d’image. Mais je ne m’interdis pas d’y réfléchir. Ce n’est pas un sujet tabou. »