Hors-série Var-matin : ces écoles pas comme les autres
Montessori, Freinet, bilingues, pour enfants précoces ou/et en difficulté, expériences pédagogiques innovantes : notre magazine hors-série explore les enseignements différents
En France, 15 % des élèves arriveraient en classe de 6e sans savoir vraiment lire. C’est-àdire en ânonnant péniblement un texte sans en comprendre le sens. En maths et en sciences, les petits Français sont bons derniers de l’Union européenne, et l’on n’ose même pas les comparer aux petits asiatiques. En langues vivantes, les résultats sont également loin d’être brillants. Échec d’un système ? Nivellement par le bas dans l’enseignement public ? Reflet d’une société qui ne sait plus s’adapter ? L’une des conséquences est en tout cas un engouement inégalé pour les écoles privées. La plupart des établissements sous contrat avec l’État – ils scolarisent environ deux millions d’élèves – affichent des listes d’attente impressionnantes. Et le nombre d’écoles hors contrat explose. Avec environ 1400 structures (dont 300 confessionnelles) pour un peu moins de 60 000 élèves (0,5 % de la population scolaire), ces établissements restent certes marginaux. Mais leur nombre ne cesse d’augmenter : 93 ouvertures en 2016, 122 en 2017… Qu’est-ce qui pousse les parents à faire de tels choix ? Plus que la volonté délibérée de choisir une pédagogie alternative ou la recherche de la performance scolaire – réelles pour certains, bien entendu – c’est souvent la quête du bien-être des petits qui reste le premier critère. «Mon enfant allait tous les jours à l’école avec la boule au ventre » ; « il pleurait tous les matins avant de partir et je le retrouvais triste le soir » : des phrases que l’on entend fréquemment dans la bouche des parents qui ont fait un tel choix.
Pédagogies alternatives
« Dans l’Éducation nationale, il y a une sorte de ligne médiane, sur laquelle on trouve les enfants qui sont dans la norme et s’adaptent sans problème, explique un enseignant. Mais malheur à ceux qui s’en éloignent, en plus ou en moins. Eux risquent fort d’être broyés par le système. » Enfants précoces (ils représenteraient 3 % de la population scolaire, soit un par classe environ…), souffrant de troubles d’apprentissage, de l’attention ou autres troubles « dys », victimes de « phobie scolaire ». Autant de phénomènes de plus en plus souvent constatés et auxquels l’école « classique » semble peiner à répondre. Il est désormais révolu, le temps où l’on tenait pour acquis qu’un « surdoué » ferait automatiquement de brillantes études. On découvre au contraire que les enfants «précoces» ou «à haut potentiel » – appellations aujourd’hui préférées à celle de surdoués – sont plus fragiles, plus sensibles que les autres, souffrent très souvent de troubles associés et ont beaucoup de mal à se faire une place dans des classes de 30 élèves et à suivre les méthodes d’enseignement classique. Les dernières avancées des neurosciences tendent d’ailleurs à démontrer que leur fonctionnement cognitif est radicalement différent et demande un enseignement spécifique. De même, les avancées scientifiques viennent confirmer le bien-fondé des intuitions et observations qui ont fondé la méthode de Maria Montessori, au début du XXe siècle. Là encore, cette pédagogie, basée sur le respect des rythmes de l’enfant, connaît un engouement croissant. Écoles bilingues, pédagogie Montessori, philosophie dès la maternelle, chacune a ses spécificités mais on y retrouve un socle commun : petits effectifs, attention apportée aux rythmes de l’enfant, pédagogie individualisée, basée sur la «bienveillance» vis-à-vis de l’élève. Et s’il appartient à chacun, en l’absence de réel contrôle étatique, de faire la différence entre établissement sérieux ou non, ce risque ne décourage visiblement pas un nombre chaque année croissant de familles de se diriger vers ces écoles hors contrat, soit par goût pour une pédagogie ou une autre, soit après un passage raté dans le public ou le privé sous contrat.
Le public innove aussi
Alors, ces structures indépendantes sont-elles des écoles pour privilégiés, ou des laboratoires de ce que pourrait devenir l’Éducation nationale ? Un peu des deux, sans doute. Écoles pour privilégiés, souvent, ne seraitce que parce que leurs tarifs (entre 5 000 et 10 000 € par an pour la plupart) ne les mettent pas à la portée de toutes les bourses. Même si certains parents modestes sont prêts à se serrer la ceinture ou faire appel à la solidarité familiale pour les offrir à leurs enfants. Et laboratoires pédagogiques, pourquoi pas ? Mais elles ne sont pas les seules. Longtemps fermée à ces innovations, l’Éducation nationale amorce aujourd’hui un réel virage. Les inspections académiques se penchent sur la question des enfants « différents », se dotent de référents « innovations pédagogiques », les établissements classés en REP (réseaux d’éducation prioritaire) et REP + (renforcés) multiplient les expériences innovantes. Nous vous proposons dans le magazine hors-série consacré aux « écoles différentes », en vente chez votre marchand de journaux, un tour d’horizon – forcément pas exhaustif, c’est quasiment impossible, mais cependant représentatif – de ce que l’on peut trouver dans les Alpes-Maritimes et le Var dans ce domaine, tant dans le privé que le public. Comme l’emblématique école Freinet de Vence (06), où se perpétuent encore aujourd’hui la pédagogie et les expériences menées avec succès par Célestin Freinet et son épouse Élise. Mais aussi l’Internat de la Réussite Pour Tous au CIV de Valbonne (06), les classes d’engagement citoyen à l’Ariane à Nice, le studio radio de la classe Ulis du collège d’Hyères ou encore les classes inversées du lycée de Menton…Et pour terminer, vous découvrirez ceux qui ont choisi l’approche la plus différenciée qui soit : l’école sans école, à la maison.
Hors-série Nice-Matin/Var-matin, « Les écoles différentes», 2,90 € chez votre marchand de journaux.