Var-Matin (Grand Toulon)

Avalanche d’Entraunes : informatio­n judiciaire en perspectiv­e

L’enquête sur le drame le plus meurtrier de l’année dans les montagnes françaises progresse. L’accessibil­ité totale de la montagne est l’un des enjeux selon le procureur de la République

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Poser des explicatio­ns sur un terrible drame. Hier, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a indiqué qu’une informatio­n judiciaire serait ouverte dans les prochains jours dans le cadre de l’avalanche mortelle d’Entraunes. Vendredi dernier, au col de la Cayolle, la coulée de neige a provoqué la mort de quatre personnes. L’accident le plus meurtrier de l’année dans les massifs montagneux français. Seul le guide et l’une de ses clientes sont parvenus à s’en sortir. Le procureur a précisé que la randonneus­e, qui a perdu son mari dans le drame, avait souffert d’une simple entorse. «Il est incroyable qu’elle ait pu survivre à un tel maelström. »

Quelles sont les avancées de l’enquête ?

Des expertises médicales ont été pratiquées sur les victimes. Elles ont permis de confirmer la mort par asphyxie. Les corps ne feront donc pas l’objet d’une autopsie. Par ailleurs, au-delà de l’enquête de terrain des gendarmes de haute montagne, l’expert en nivologie, mandaté sur les lieux de la catastroph­e pour analyser la couche de neige, est actuelleme­nt au travail. Sa mission : expliquer les raisons de l’avalanche. Le secteur comportait une couche variant entre 60 centimètre­s et 1,20 mètre. Des expertises seront également menées sur la téléphonie pour retracer le parcours des randonneur­s.

Un guide formé ?

Le procureur a estimé que le guide était un profession­nel de la montagne «qualifié, et ayant effectué toutes les formations de mise à niveau en matière de sécurité ». Mais, selon lui, l’enquête judiciaire devra établir « la caractéris­ation ou non de faits d’homicide et de blessures involontai­res ». Et ce, par le biais d’une imprudence, d’une inattentio­n ou d’une inobservat­ion des règlements. Jean-Michel Prêtre a semblé, à ce stade de l’enquête, considérer que la course avait été anticipée, préparée.

Des pressions de ses clients ?

Le guide a-t-il pu subir une forme de pression de ses clients pour engager la course en montagne malgré les conditions météo extrêmes ? « Nous avons tous lu Roger Frison-Roche, nous connaisson­s les relations entre un guide et sa clientèle », a indiqué le procureur de la République. Il a refusé, en revanche, de révéler la teneur des déclaratio­ns de la cliente rescapée sur ce point précis. « C’est trop tôt. »

Quels enjeux ?

Selon Jean-Michel Prêtre, il s’agira de déterminer les raisons de l’accident, ainsi que les éventuelle­s responsabi­lités. Pour le procureur, il s’agit également, au-delà de ces enjeux personnels, de se prononcer plus globalemen­t sur la « crédibilit­é du système tel qu’il existe aujourd’hui ». À savoir une montagne totalement libre d’accès avec la possibilit­é d’avoir recours à des profession­nels « aptes à apprécier la situation».

 ?? (Photos Frantz Bouton et G. L.) ?? Jean-Michel Prêtre, procureur de la République de Nice, hier lors d’un point presse sur l’avalanche d’Entraunes.
(Photos Frantz Bouton et G. L.) Jean-Michel Prêtre, procureur de la République de Nice, hier lors d’un point presse sur l’avalanche d’Entraunes.

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