Avalanche d’Entraunes : information judiciaire en perspective
L’enquête sur le drame le plus meurtrier de l’année dans les montagnes françaises progresse. L’accessibilité totale de la montagne est l’un des enjeux selon le procureur de la République
Poser des explications sur un terrible drame. Hier, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a indiqué qu’une information judiciaire serait ouverte dans les prochains jours dans le cadre de l’avalanche mortelle d’Entraunes. Vendredi dernier, au col de la Cayolle, la coulée de neige a provoqué la mort de quatre personnes. L’accident le plus meurtrier de l’année dans les massifs montagneux français. Seul le guide et l’une de ses clientes sont parvenus à s’en sortir. Le procureur a précisé que la randonneuse, qui a perdu son mari dans le drame, avait souffert d’une simple entorse. «Il est incroyable qu’elle ait pu survivre à un tel maelström. »
Quelles sont les avancées de l’enquête ?
Des expertises médicales ont été pratiquées sur les victimes. Elles ont permis de confirmer la mort par asphyxie. Les corps ne feront donc pas l’objet d’une autopsie. Par ailleurs, au-delà de l’enquête de terrain des gendarmes de haute montagne, l’expert en nivologie, mandaté sur les lieux de la catastrophe pour analyser la couche de neige, est actuellement au travail. Sa mission : expliquer les raisons de l’avalanche. Le secteur comportait une couche variant entre 60 centimètres et 1,20 mètre. Des expertises seront également menées sur la téléphonie pour retracer le parcours des randonneurs.
Un guide formé ?
Le procureur a estimé que le guide était un professionnel de la montagne «qualifié, et ayant effectué toutes les formations de mise à niveau en matière de sécurité ». Mais, selon lui, l’enquête judiciaire devra établir « la caractérisation ou non de faits d’homicide et de blessures involontaires ». Et ce, par le biais d’une imprudence, d’une inattention ou d’une inobservation des règlements. Jean-Michel Prêtre a semblé, à ce stade de l’enquête, considérer que la course avait été anticipée, préparée.
Des pressions de ses clients ?
Le guide a-t-il pu subir une forme de pression de ses clients pour engager la course en montagne malgré les conditions météo extrêmes ? « Nous avons tous lu Roger Frison-Roche, nous connaissons les relations entre un guide et sa clientèle », a indiqué le procureur de la République. Il a refusé, en revanche, de révéler la teneur des déclarations de la cliente rescapée sur ce point précis. « C’est trop tôt. »
Quels enjeux ?
Selon Jean-Michel Prêtre, il s’agira de déterminer les raisons de l’accident, ainsi que les éventuelles responsabilités. Pour le procureur, il s’agit également, au-delà de ces enjeux personnels, de se prononcer plus globalement sur la « crédibilité du système tel qu’il existe aujourd’hui ». À savoir une montagne totalement libre d’accès avec la possibilité d’avoir recours à des professionnels « aptes à apprécier la situation».