Que s’est-il passé ?
La mise hors service des équipements du tunnel, depuis mardi soir jusqu’à hier en début d’après-midi, a paralysé le trafic. Un impact de foudre sur le réseau RTE serait à l’origine
Un coup de foudre sur une ligne à très haute tension près d’Avignon a provoqué la fermeture du tunnel de Toulon de mardi soir à hier après-midi.
D’importants bouchons se sont formés entre Six-Fours et La Farlède.
« Normalement, durant les vacances scolaires, le trafic est plus fluide à l’heure de pointe... » Hier à l’aube, ce fut sans aucun doute la pensée positive des 110 000 automobilistes qui fréquentent en moyenne tous les jours les axes autoroutiers A 57 en direction de Marseille et A 50 en direction de Nice. Mais la zen attitude a été de courte durée. Elle n’a malheureusement pas suffi à atténuer la grogne des usagers de la route, coincés dans des embouteillages monstres à l’heure de pointe, soit près de huit kilomètres de retenue sur les réseaux autoroutiers aux entrées Est et Ouest de la ville. Les usagers ont vécu l’enfer de l’asphalte, y compris sur le réseau secondaire saturé, avec plus d’une heure de trajet supplémentaire sur le temps de parcours habituel pour entrer dans Toulon…ou en sortir.
Ligne haute tension
La raison ? «Des perturbations sur le réseau public électrique », selon l’exploitant du tunnel, Vinci Autoroutes. Dans la soirée de mardi, l’ensemble des systèmes de pilotage et de supervision du tunnel de Toulon ont été foudroyés. La mise hors service des équipements du tunnel a entraîné la fermeture systématique des deux tubes pour des raisons strictes et réglementaires de sécurité (lire ci-dessous). Foudroyant ? « Vers 20 h 50, mardi, un impact de foudre, localisé entre Salon et Aixen-Provence dans les Bouches-du-Rhône a généré un défaut fugitif de quelques millisecondes sur l’axe principal à 400 000 volts de la région. Il s’agit du plus gros axe de transport électrique qui part du nord d’Avignon et dessert tous les territoires des départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône, du Var, et des Alpes-Maritimes », expliquait, hier, le Réseau de transport d’électricité (RTE) en Méditerranée. RTE dit en recenser «plus d’une centaine à l’année sur le réseau régional ». Résultat : « Durant un laps de temps extrêmement court, le temps que la protection automatique de la ligne très haute tension joue pleinement son rôle avec le retour d’une situation à la normale », cela a généré un creux de tension sur le réseau public d’électricité. Au même moment, peu avant 21 heures, le centre d’exploitation du tunnel de Toulon, basé à PierreRonde, a disjoncté. Il s’est retrouvé dans le noir avec des caméras hors service sur le grand écran de contrôle.
Le dispositif de secours a été abîmé
La corrélation entre les deux incidents, à quelques secondes près, serait fort probable, selon RTE, sans pour autant l’affirmer. « Ces perturbations sur les réseaux publics d’électricité ont entraîné une coupure de l’ensemble des systèmes de pilotage et de supervision du tunnel de Toulon, expliquait, hier, la direction d’exploitation Durance Provence chez Escota. Pourtant, ce type d’ouvrage souterrain, ultra-sécurisé, dispose bien d’un onduleur pour gérer ce type d’incidents. Mais « cette surtension totalement inattendue et particulièrement forte a fait que notre dispositif de secours a grillé », déplorait la direction d’exploitation. Laquelle a déclenché dès mardi 21 heures au complet le dispositif d’astreinte, mobilisant l’ensemble des équipes de Vinci autoroutes et des experts sous-traitants. Si le courant a pu être rétabli assez rapidement, certains systèmes d’équipement du tunnel sont demeurés toujours hors service. Dans le courant de la nuit, la vidéosurveillance du tunnel a pu être opérationnelle. Mais cela n’a pas été suffisant pour rouvrir le tunnel car toutes les conditions de sécurité n’étaient toujours pas réunies. «Nous n’ouvrons pas l’ouvrage en mode dégradé de fonctionnement. On ne négocie pas avec la sécurité », insistait, hier, la direction d’exploitation de chez Escota (lire ci-dessous). Les équipes techniques ont, ainsi, travaillé d’arrachepied pour permettre dixsept heures plus tard, à 14 h 20 précises, la réouverture du tunnel de Toulon… et offrir un bol d’oxygène aux automobilistes. La durée de gestion de crise, jugée un peu trop longue, a incité la Ville à se rapprocher de la direction d’Escota pour qu’elle en tire tous les enseignements (lire par ailleurs).