Var-Matin (Grand Toulon)

Une maman contrainte de traverser les couloirs de La Timone, avec son bébé mort dans les bras

Ce témoignage vient une nouvelle fois entacher la renommée de l’hôpital marseillai­s après le drame du bébé incinéré à la place d’un autre, révélé il y a quelques jours

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La scène, révélée hier, a traumatisé de nombreux témoins. Elle s’est déroulée en septembre dernier à la Timone, le célèbre hôpital marseillai­s. C’est la sordide affaire du bébé incinéré à la place d’un autre, au début du mois, après une grave erreur du même l’établissem­ent, qui a poussé Marine à témoigner de sa terrible expérience, en septembre dernier. Elle se remémore avec une immense douleur et colère cette «journée en enfer ». Cette Vauclusien­ne de 29 ans, déjà mère d’un enfant, accouche le 20 septembre dernier d’une petite fille à La Conception. Malheureus­ement, trois jours plus tard, après des complicati­ons cardiaques, l’enfant, Lilou, est transférée au service « réa » de la Timone où elle décède. Deux heures après, Marine apprend par l’une des brancardiè­res de l’hôpital qu’il y a un petit souci… Le couffin servant à déplacer le corps du bébé vers la chambre mortuaire ne serait « pas disponible », et aucun personnel ne serait libre pour trouver une autre solution… Face à ces défaillanc­es, et avec l’aide de son compagnon, Marine décide de s’occuper elle-même du « transport » du petit corps. « Nous traversons les couloirs du service de réanimatio­n, descendons par l’hôpital des enfants par des couloirs moins fréquentés afin d’éviter de croiser le maximum de personnes puisqu’en effet, je tiens ma fille de trois jours morte dans les bras (...), décrit Marine. Nous ne savons pas où se trouve le dépositair­e. De là, nous poursuivon­s en posant des questions pour comprendre comment il était possible de nous faire vivre une telle horreur. Loin de nous, l’idée qu’il ne puisse pas exister un service compétent pour prendre le relais de cette marche funèbre. »

« Entre les rats et les poubelles »

Trouvant enfin la chambre mortuaire, la pauvre mère tombe sur une porte close. La pièce est fermée à partir de 17 heures. «Nous sommes ainsi restés à attendre, attendre… Assis sur un parpaing en béton au niveau, je pense, du local poubelle puisqu’un monsieur passait avec son chariot électrique et tractait les poubelles avec des rats qui grouillaie­nt au sol ( .... ). Nous pensions être en enfer ou en plein cauchemar et espérions nous réveiller, mais non, tout cela était bien réel et cruel ». Puis, une équipe de brancardie­rs arrive enfin et la petite Lilou d’être « récupérée au milieu des poubelles et des rats tel un vulgaire colis. » Et ce n’est pas fini ! Les parents vont recevoir quelques jours plus tard une lettre de la Timone, où figure le prénom erroné de leur défunte fille, et réclamant une attestatio­n de Sécurité sociale sous les 10 jours, sous peine que le séjour de Marine soit facturé dans sa totalité ! Finalement, après avoir dû expliquer leur cas, le couple endeuillé a tout de même reçu de plates excuses du directeur de l’hôpital.

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(Photo doc R. B.) Le couple a reçu les plates excuses du directeur de l’établissem­ent.

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