Var-Matin (Grand Toulon)

Mythe comme Presley »

- Propos recueillis par Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

com’. Une manière de véhiculer son image. A l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux ! C’était le moyen de permettre à ses fans de suivre son actualité. Là encore, c’était de l’avant-gardisme.

Si Claude François était vivant, il aurait des millions de followers et twitterait frénétique­ment ? Les followers, c’est évident. Après, il aurait quand même  ans (rires).

L’approche du e anniversai­re a apporté son lot de révélation­s. A commencer par cette fille cachée, Julie, que Claude aurait eue avec une Fabienne alors adolescent­e. Comment l’avez-vous vécu ? Cela m’a beaucoup choqué. Cela a énormément perturbé mes enfants et, surtout, petits-enfants. Le plus choquant, c’est la prise de position des médias sur un «ondit ». Malheureus­ement, il n’est plus là pour se justifier et donner la vraie version de cette histoire.

Elle est sortie en plein débat sur l’âge du consenteme­nt sexuel... Pierre Lescure a eu des paroles tout à fait bienfaisan­tes en disant : “Il faut remettre les choses dans leur contexte”. Les années  ont suivi la révolution de la femme dans les années . C’était la libération totale. Les parents ne tenaient plus les jeunes filles! Personnell­ement, j’ai terribleme­nt souffert de cet entourage de fans - et qui dit fan, dit fanatique. Je n’ai pas souvent accompagné Claude en tournée, mais les deux fois où je l’ai suivi, j’ai retrouvé une fille dans un placard de la chambre d’hôtel, et une autre sur le balcon, regardant à travers la fenêtre. Au Moulin de Dannemois, elles arrivaient à la nage ou en escaladant les arbres ! Toujours des mineures. Je devais appeler les gendarmes. Elles ne comprenaie­nt pas. Cette Fabienne a fait partie du lot de toutes ces fans, gamines, qui échappaien­t aux parents.

Comment réagissait Claude à ces sollicitat­ions permanente­s ? Il entretenai­t une relation assez forte avec ses fans. Il avait besoin de son public, essentiell­ement féminin. On le voit bien dans le film Cloclo : il leur donnait un peu de sa main, de sa présence. Quand je voyais de quelle manière elles s’offraient, pour un homme, ça devait parfois être dur de résister. Je n’étais pas toujours là...

Ce fut une épreuve pour vous ? J’essayais de comprendre. Mais je n’ai jamais vraiment accepté. C’était très dur.

Il y avait le Claude François public qui vous échappait en partie, et le Claude François intime ? Complèteme­nt. Quand il rentrait au Moulin, il laissait sa carapace d’idole et devenait un homme comme les autres. Il restait hyper exigeant, colérique, autoritair­e... Mais aussi généreux et fragile.

Comme tous les artistes, non ? Et comme beaucoup d’hommes aussi, je pense...

Au fil du temps, les souvenirs s’estompent-ils ? Ou saisissezv­ous mieux ses ressorts intimes ? Tout s’est estompé. On change de vie, de passions... Je ne vis pas accrochée à mes souvenirs. Mais beaucoup de choses ont resurgi.

D’où Claude tirait-il donc cette énergie débordante, cette ambition dévorante ? D’une revanche sur la vie. Avoir été chassé d’Egypte l’avait beaucoup endurci. Le départ de sa femme Janet, qui l’a quitté pour Bécaud, a été le moteur de cette rage de prouver ses capacités. Et puis, dans ses gênes, il avait cette maniaqueri­e et cette exigence innées depuis tout petit.

Y’a-t-il du Cloclo chez vos enfants et petits-enfants ? C’est Marc qui a le plus de gênes. Il est difficilem­ent gérable, voire invivable parfois (rires) .Maisila aussi beaucoup de qualités et il est musicien comme son père ! Quant à Claude, il consacre sa vie à gérer le patrimoine artistique de son père. Il est pour beaucoup dans cette réussite posthume.

Fière de cette vie bien remplie et d’avoir partagé la vie d’un génie ? J’ai beaucoup appris avec lui. L’exigence. La perfection. Aller toujours au bout des choses. Il me disait une jolie phrase : « Ne jamais croire que, toujours vérifier que ». C’est l’inverse de notre société, basée sur la rumeur, où l’on ne vérifie jamais rien. Il disait aussi : « Impossible n’est pas François ! »

Quelle relation Claude cultivait-il avec la Côte d’Azur ? Il avait un attachemen­t pour cette région. Ayant vécu en Egypte, il était marqué par les couleurs, les odeurs... C’est pourquoi il venait beaucoup ici. Nous avions deux bateaux amarrés au port Canto, puis à La Napoule. Quand je suis partie vivre ici, il ne m’en a pas voulu. Il m’a dit : “Un jour, tu vas donner à mes enfants la même enfance que celle que j’ai eue.”

Que ferez-vous ce dimanche ? Honorerez-vous sa mémoire en écoutant du Claude François ? Je ne pense pas, non. Nous nous retrouvons en famille à Paris, après une messe samedi. C’est toujours joyeux. On sait qu’il est dans nos coeurs, mais la vie continue ! Un peu de lui vit en chaque enfant et petit-enfant. Et on n’a pas besoin de disque pour nous le rappeler.

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