Var-Matin (Grand Toulon)

Il y aura une zone de dépassemen­t supplément­aire ”

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Alain, selon l’arrêté préfectora­l en vigueur pour cet événement, la limitation de vitesse est fixée à  km/h sur la Prom’. L’avez-vous respectée ? Impossible à dire parce que ma voiture ne possède pas de compteur (Rires). De toute façon, avec une telle météo, il fallait être prudent. Même chaussée de pneus ‘‘maxi-pluie’’, la RE  s’avère assez compliquée à maîtriser sur sol détrempé. Bien sûr, puisqu’il s’agit d’un show on a envie de contenter le public. Là, hélas, le spectacle est un peu tombé à l’eau à cause du ciel. Mais les gens ont tout de même pu voir de près deux F très différente­s. Trente ans séparent la mienne de celle, beaucoup plus moderne, pilotée par Nico (Hülkenberg). Un clin d’oeil symbolique avant le nouveau départ du Grand Prix de France.

Un tel déluge a dû raviver en vous le souvenir de la fameuse victoire à Monaco devant Senna en  ? Je retrouve un peu les mêmes conditions, en effet. Ça tombait même plus fort tout à l’heure à la fin de mon premier run. Ici, quand la pluie s’invite, elle ne fait pas semblant, on le sait.

Un an plus tôt, en avril , vous aviez réalisé un retentissa­nt carton plein au Castellet avec la RE . La plus belle de vos quatre victoires varoises ? Même si les trois autres

décrochées avec McLaren et Ferrari ne sont pas moches, loin s’en faut, celle-là garde une place spéciale. J’étais super vite du début à la fin du weekend. Rien ne pouvait m’arriver. Osmose totale entre pilote et voiture. Bref, je me sentais imbattable. Ce genre de feeling, je ne l’ai ressenti que deux ou trois fois durant toute ma carrière. Monaco , Mexico  et c’est tout !

Quelque part, là, il s’agit aussi d’un retour aux sources pour vous qui avez fait vos premiers tours de roues du côté d’Antibes il y a près de cinquante ans... Ah oui ! Vous savez, il m’arrive encore de passer devant la Siesta. Chaque fois, je tourne la tête vers le parking. La piste n’existe plus mais je la vois et un frisson me traverse le corps. Ce souvenir est lié à ma famille, à mon frère. Ce jour-là, il m’a involontai­rement mis le pied à l’étrier alors que le karting ne m’attirait pas du tout a priori. Ensuite, je franchirai d’autres étapes fondamenta­les dans le Sud. Surtout au Castellet où je deviens champion du monde de kart, où je gagne le Volant Elf...

Venons-en au prochain Grand Prix de France. Trois pilotes tricolores sur la grille, l’équipe Renault qui monte en puissance : ce come-back tombe à pic, non? On l’a longtemps attendu. Le voilà enfin ! Pour y arriver, il fallait une prise de décision forte. Christian Estrosi a su fédérer beaucoup de gens autour de lui. Autant au niveau local que sur le plan national. De quoi remettre en route cet événement important. Pour la région et le pays, cela permet d’abord de rayonner dans le monde. Et puis ça crée aussi des retombées économique­s, des emplois, des synergies, des vocations... Réussir l’édition , c’est un enjeu primordial ? Absolument. Le premier bilan conditionn­era la suite. Ce Grand Prix doit d’abord créer son identité. Chaque étape, à Abu Dhabi, à Singapour et ailleurs, possède son caractère propre, ses spécificit­és. Il ne faut pas imiter, ni copier. Plutôt chercher à construire quelque chose de différent, d’original, en se servant des leçons du passé.

Le tracé , km relooké du circuit Paul-Ricard, il vous plaît ? Je n’ai pas vu en détail les trois modificati­ons récentes. Par rapport à notre époque, je sais que le S de la Verrerie situé au bout de la ligne droite du départ présente un nouveau visage. Et puis la ligne droite du Mistral est coupée en deux puisque les pilotes empruntero­nt la chicane nord. Si certains puristes peuvent le regretter, ce choix se comprend. Il y aura une zone de dépassemen­t supplément­aire. Le spectacle va y gagner.

Le  juin prochain, pourrait-on voir un pilote Renault gravir le podium ? En , l’équipe va certaineme­nt progresser, monter en puissance. Mais bon, sur le papier, à la régulière, les trois teams de pointe (Mercedes, Ferrari et Red Bull, ndlr) demeurent un cran au dessus. Difficiles à approcher. Chez nous, une grosse évolution technique doit arriver en milieu de saison. Peut-être que la R.S.  en bénéficier­a déjà au Castellet. Peut-être pas... En tout cas, l’éventualit­é d’un podium, il ne faut jamais l’écarter. Si l’attente sera naturellem­ent plus forte en France, Nico, Carlos (Sainz) et leur staff prépareron­t cette course comme les autres. La seule différence, c’est le petit surcroît de pression à domicile. Pareil pour les trois pilotes français. A nous de savoir le transforme­r en énergie positive.

Dans combien de temps l’écurie Renault animera-telle à nouveau la lutte au sommet ? Écoutez, claironner des objectifs précis, pour moi, ça ne sert à rien. Tout simplement parce que la course automobile, ça ne marche pas ainsi. Aujourd’hui, l’équipe est toujours en phase de reconstruc­tion. Beaucoup de gens sont arrivés à Enstone. L’usine est en train de se restructur­er. Celle de Viry-Châtillon va suivre la même voie bientôt. Alors, est-ce que tous ces efforts payeront demain ou aprèsdemai­n ? C’est un peu tôt pour le dire. Voyons d’abord comment on va progresser cette année. Par rapport aux équipes contre lesquelles on se battait en  (Force India, Williams, Toro Rosso...) où seronsnous dans cinq mois ? Dans dix mois ? Après, sans doute que l’on pourra affiner les perspectiv­es.

Un pronostic en guise de conclusion : Hamilton et Vettel sont aujourd’hui vos voisins de palmarès, avec quatre titres suprêmes en poche. Lequel des deux vous faussera compagnie en fin d’année pour monter à l’étage supérieur ? L’un ou l’autre, faites vos jeux... (Rires) Là, après les derniers essais hivernaux à Barcelone, Lewis possède un petit avantage. Tout petit. Mais la saison s’annonce longue. Vingt-et-une courses ! Bref, beaucoup de choses sont possibles, des surprises, des renverseme­nts. Attention : un outsider peut très bien brouiller les cartes. Moi, je trouve que la Red Bull marche fort. On ne sait jamais.

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