Réélu pour ans, Poutine conforté dans sa politique
Avec 75 % des voix, selon des résultats partiels, le président russe a reçu un véritable plébiscite dans les urnes. Un score toutefois contesté par l’opposition, qui fait état de multiples irrégularités
Vladimir Poutine a été triomphalement réélu hier pour un quatrième mandat à la tête de la Russie, au terme d’une élection aux allures de plébiscite dénoncée par l’opposition comme étant émaillée de fraudes. Il devrait donc rester au Kremlin jusqu’en 2024, année où il fêtera ses 72 ans, 25 ans après avoir été désigné comme dauphin par un Boris Eltsine vieillissant en 1999. Après dépouillement de la moitié des bulletins, en milieu de soirée, il était crédité de 75 % des suffrages, soit bien plus que les 63,6 % obtenus en 2012. Il devance le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine, qui récolterait environ 15 % des voix, l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski à 7 %, et la journaliste proche de l’opposition libérale, Ksénia Sobtchak à 2,5 %.
Un retour au premier rang sur la scène internationale
Avec un score largement au-delà des prévisions, il est conforté comme l’homme fort incontournable d’un pays qu’il a replacé ces dernières années au premier rang sur la scène internationale, au prix d’un climat de Guerre froide encore accentué depuis l’empoisonnement d’un ex-espion russe au RoyaumeUni. Mais c’est surtout le taux de participation dont le Kremlin avait fait son principal objectif, afin de légitimer cette élection dont l’issue ne faisait aucun doute. Pour encourager les électeurs à participer au scrutin, les autorités ont mené des campagnes massives d’information et d’incitation, facilitant le vote hors du lieu de résidence. Mais aussi, selon des médias, en faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller voter. Au final, celui-ci s’établissait à 60 % à 15 heures (16 heures, heure de Paris) trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, selon la Commission électorale centrale. Mais l’opposition, et en premier lieu l’adversaire le plus acharné du pouvoir, Alexeï Navalny (interdit de participation, et qui avait appelé au boycott), ont accusé les autorités d’avoir gonflé le taux de participation grâce à de nombreuses fraudes, en bourrant les urnes ou en organisant le transport massif d’électeurs vers les bureaux de vote.
« Victoire décidée d’avance »
Des militants ont notamment fait état d’électeurs amenés en bus dans les bureaux de vote par la police ou de coupons de réduction pour des produits alimentaires distribués aux Russes se rendant aux urnes. « Ils ont besoin de participation. Le résultat, c’est que la victoire de Poutine avec plus de 70 % a été décidée d’avance » ,a affirmé Alexeï Navalny, qui a prévenu qu’il continuerait à appeler à des manifestations, «seul moyen de mener une lutte politique en Russie». «Le taux de participation est plus bas que la dernière fois en dépit de tout ce qu’ils ont fait» ,a estimé son coordinateur de campagne, Ivan Jdanov. De son côté, l’ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections, a dressé sur son site internet une carte des fraudes faisant état de plus de 2 700 irrégularités, tels que bourrages d’urnes, votes multiples ou entraves au travail des observateurs. La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a estimé pour sa part que les irrégularités constatées «ont été relativement modestes», ajoutant que la CEC «n’a rien à cacher ». « Il y a eu moins de problèmes à cette élection qu’à la précédente, c’est un fait. Il y a eu moins d’irrégularités grossières», a concédé l’opposante Ksénia Sobtchak.