La planète au chevet de la biodiversité en crise
Réunis en Colombie, plus de 750 experts de 116 pays vont dresser un diagnostic et proposer des solutions
Plus de 750 experts du monde entier sont réunis pour une semaine pour évaluer la crise de biodiversité à laquelle la Terre est confrontée et préconiser des solutions contre l’extinction massive d’espèces. Selon le Fonds mondial pour la nature, le dérèglement climatique pourrait d’ici 2080 menacer entre un quart et la moitié des espèces de 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité.
« Le monde est à un carrefour »
«Protéger la biodiversité est aussi important que lutter contre le changement climatique », a d’ailleurs souligné le président Juan Emmanuel Santos, en inaugurant hier cette VIe session plénière de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Ce forum rassemble des scientifiques et des décideurs de 116 des 128 états membres de l’IPBES jusqu’au 26 mars à Medellin, deuxième ville de Colombie, pays le plus «bio-divers» de la planète après le Brésil. «Ce qui arrive à l’un, arrive à tous. Si nous en sommes conscients, nous pourrons être plus responsables en matière de protection de l’environnement et de préservation de la paix », a estimé M. Santos. « Aujourd’hui, le monde est à un carrefour», a ajouté Sir Robert Watson, président de l’IPBES, déplorant que « l’historique et actuelle dégradation et destruction de la nature sabote le bien-être humain pour les actuelles et innombrables futures générations.» Selon IPBES, la Terre est confrontée àune «extinction massive» d’espèces, la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d’années, et la sixième en 500 millions d’années. À Medellin, les experts vont évaluer les dégâts sur la faune, la flore et les sols de la Terre. Puis seront dévoilées les grandes lignes de cinq volumineux rapports, ainsi que des solutions pour minimiser l’impact des activités humaines sur l’environnement.
L’effort de chercheurs pendant trois ans
« En dégradant la biodiversité, nous réduisons aussi la nourriture des gens, l’eau propre que nous devons boire et les forêts qui sont nos poumons», a averti le directeur exécutif du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE), Erik Solheim, dans un message retransmis depuis Brasilia, où il participe au Forum mondial de l’eau. Pour dresser son état des lieux, l’IPBES a divisé la planète en quatre régions : Amériques, Afrique, AsiePacifique et Europe-Asie centrale. Chacune a fait l’objet d’une analyse approfondie et d’un rapport de 600 à 900 pages, que les experts vont étudier à huis clos. Puis le diagnostic sera rendu vendredi prochain. Un second bilan sera extrait lundi 26 mars d’un cinquième rapport, le premier du genre sur l’état des sols du monde, de plus en plus dégradés par la pollution, la déforestation, l’exploitation minière et des pratiques agricoles non durables qui les appauvrissent. Durant trois ans, quelque 600 chercheurs ont travaillé bénévolement sur ces évaluations, qui synthétisent les données d’environ 10000 publications scientifiques. Le résultat final couvre la totalité de la Terre, hormis les eaux internationales des océans et l’Antarctique. Les experts vont en outre élaborer des synthèses d’une trentaine de pages, destinées aux dirigeants des pays membres de l’IPBES, afin de les orienter en matière de protection de la biodiversité. Un effort important, mais qui ne représente que le début du chemin. «Un défi immensément ambitieux nous attend cette semaine », a souligné hier la secrétaire exécutive de l’IPBES, Anne Larigauderie.