Une semaine à haut risque
Semaine clef pour le gouvernement. Suppression du statut des cheminots pour les nouveaux entrants, refonte, plus largement, de la fonction publique, hausse de la CSG plein pot pour les retraités qui touchent plus de euros, réforme de la formation professionnelle, de l’assurance chômage : le Président et le gouvernement ont enchaîné jusqu’ici tous leurs textes, sept réformes majeures, à un train d’enfer, laissant le plus souvent les interlocuteurs sociaux presque interloqués devant l’abondance des changements annoncés ou entrepris. Jeudi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe connaîtront, le mars, leur première grande épreuve sociale : une journée de grève dans toute la fonction publique et la première manifestation nationale des cheminots à Paris. Pour corser l’enjeu, les syndicats de la SNCF ont rendu publique la semaine dernière la forme d’action qu’ils ont choisie, particulièrement perverse puisqu’elle consiste à enchaîner deux jours de grève et deux jours d’activité jusqu’à la fin du mois de juin. Malgré tout, les négociations continuent avec la ministre du Travail Muriel Penicaud, et celle des Transports, Elisabeth Borne, le « niet » des syndicats coïncidant avec leur volonté simultanée de négocier encore ce qui peut l’être. La position du Président, elle, est claire. Emmanuel Macron juge que la France a perdu trop de temps pour mettre en oeuvre des réformes nécessaires. Il n’est pas question pour lui de reculer sur l’essentiel des réformes proposées. Des aménagements à la marge, peut-être ; un recul en rase campagne, jamais. C’est la que commence, en effet, l’épreuve de force. Les Français se solidariseront-ils d’une grève générale ou perlée de la SNCF, comme ils l’avaient fait en , sous Jacques Chirac, ou bien, vingt ans plus tard, beaucoup d’entre eux ayant constaté les couacs répétés de la compagnie ferroviaire nationale, comprendront-ils mieux la nécessité de s’adapter à la concurrence ? En tout cas, la semaine qui vient est capitale. Le pouvoir veut lever les blocages qui paralysent la France, les syndicats entendent sauvegarder le modèle public français. A Emmanuel Macron et Édouard Philippe de démontrer que, justement, le modèle français ne survivra que si on le réforme, et vite.
« Pas question pour Macron de reculer. Des aménagements à la marge, peut-être ; un recul en rase campagne, jamais. »