Var-Matin (Grand Toulon)

Une semaine à haut risque

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Semaine clef pour le gouverneme­nt. Suppressio­n du statut des cheminots pour les nouveaux entrants, refonte, plus largement, de la fonction publique, hausse de la CSG plein pot pour les retraités qui touchent plus de   euros, réforme de la formation profession­nelle, de l’assurance chômage : le Président et le gouverneme­nt ont enchaîné jusqu’ici tous leurs textes, sept réformes majeures, à un train d’enfer, laissant le plus souvent les interlocut­eurs sociaux presque interloqué­s devant l’abondance des changement­s annoncés ou entrepris. Jeudi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe connaîtron­t, le  mars, leur première grande épreuve sociale : une journée de grève dans toute la fonction publique et la première manifestat­ion nationale des cheminots à Paris. Pour corser l’enjeu, les syndicats de la SNCF ont rendu publique la semaine dernière la forme d’action qu’ils ont choisie, particuliè­rement perverse puisqu’elle consiste à enchaîner deux jours de grève et deux jours d’activité jusqu’à la fin du mois de juin. Malgré tout, les négociatio­ns continuent avec la ministre du Travail Muriel Penicaud, et celle des Transports, Elisabeth Borne, le « niet » des syndicats coïncidant avec leur volonté simultanée de négocier encore ce qui peut l’être. La position du Président, elle, est claire. Emmanuel Macron juge que la France a perdu trop de temps pour mettre en oeuvre des réformes nécessaire­s. Il n’est pas question pour lui de reculer sur l’essentiel des réformes proposées. Des aménagemen­ts à la marge, peut-être ; un recul en rase campagne, jamais. C’est la que commence, en effet, l’épreuve de force. Les Français se solidarise­ront-ils d’une grève générale ou perlée de la SNCF, comme ils l’avaient fait en , sous Jacques Chirac, ou bien, vingt ans plus tard, beaucoup d’entre eux ayant constaté les couacs répétés de la compagnie ferroviair­e nationale, comprendro­nt-ils mieux la nécessité de s’adapter à la concurrenc­e ? En tout cas, la semaine qui vient est capitale. Le pouvoir veut lever les blocages qui paralysent la France, les syndicats entendent sauvegarde­r le modèle public français. A Emmanuel Macron et Édouard Philippe de démontrer que, justement, le modèle français ne survivra que si on le réforme, et vite.

« Pas question pour Macron de reculer. Des aménagemen­ts à la marge, peut-être ; un recul en rase campagne, jamais. »

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