Var-Matin (Grand Toulon)

Un nouveau souffle ?

Deux victoires (contre l’Italie et l’Angleterre), une lueur d’espoir : le XV de France de Jacques Brunel a retrouvé des couleurs et des raisons d’y croire

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Des promesses pour l’avenir: moribond fin 2017, le XV de France a démarré 2018 avec un nouveau sélectionn­eur, Jacques Brunel, qui est parvenu pendant le Tournoi des six nations à lui redonner confiance et à poser des bases pour l’avenir, à consolider rapidement.

Le verre à moitié plein

Les Bleus s’étaient quittés le moral dans les chaussette­s en novembre, sur un historique match nul face au Japon (23-23), avec Guy Novès à leur tête. Ils diront au revoir dimanche à Brunel après... une troisième défaite en cinq rencontres du Tournoi, au pays de Galles (13-14). Pour une quatrième place finale, un rang en-deçà de l’an passé. Ils ont pourtant préféré, comme l’ailier Rémy Grosso, « voir le verre à moitié plein ». Il est rempli au strict plan comptable d’une victoire face à l’Angleterre,

alors deuxième nation mondiale (22-16) et contre l’Italie (34-17). À Marseille, où ils auraient pu sombrer dans un match de la peur, après huit testmatche­s de suite sans succès (sept revers et un nul) et une préparatio­n raccourcie et tourmentée par l’exclusion des huit «fêtards» d’Edimbourg. En ce qui concerne les défaites, elles sont porteuses d’espoirs. Les Irlandais, qui ont réalisé le Grand Chelem sur une prestation éblouissan­te en Angleterre (24-15), ont eu besoin de quarantede­ux temps de jeu puis d’un drop de Jonathan Sexton de 45 mètres pour l’emporter au Stade de France (15-13). Les Bleus ont par ailleurs dominé pendant une heure l’Écosse chez elle (32-26), qui deux semaines plus tard s’offrait le scalp du XV de la Rose (25-13). Et, avec davantage de réalisme, ils auraient pu gagner samedi pour la première fois depuis 2010 à Cardiff, où les Écossais

avaient plongé en ouverture (34-7).

Esprit, tu es là

Ils achèvent dès lors la compétitio­n avec « plus de confiance », a estimé Grosso. « Alors que le groupe a commencé le Tournoi avec un staff nouveau et beaucoup de pression » a ajouté l’ailier. Avec seulement trois semaines avant le premier match, où il a dû bricoler un encadremen­t (Elissalde, Bonnaire et Bruno) loin des souhaits initiaux du président de la Fédération Bernard Laporte, Brunel a réussi à leur redonner le sourire. Et à instaurer, via un management participat­if et responsabi­lisant, «un état d’esprit », a estimé Grosso. Il est symbolisé par une défense de fer (6 essais encaissés), axe de travail privilégié vu le peu de temps imparti. «On a été menés souvent au score et on n’a jamais craqué, lâché » a aussi relevé le demi de mêlée Maxime Machenaud.

Au rayon satisfacti­ons figure également l’émergence ou le retour en forme de certains joueurs (Camara, Lauret, Fall, Grosso, Gabrillagu­es), dont Mathieu Bastareaud, relais d’expérience précieux pour le capitaine Guilhem Guirado, qu’il a suppléé dans sa charge au Millennium.

Nombreux et importants détails

Reste à soigner de nombreux détails qui font toute la différence au plus haut niveau : une pénalité manquée par Anthony Belleau pour se mettre à l’abri des Irlandais, une autre de François Trinh-Duc samedi pour l’emporter, trop d’indiscipli­ne dans les vingt dernières minutes face aux Écossais, une fin de match sous pression contre les Anglais et mal maîtrisée face aux Italiens (bonus offensif raté)... Ainsi, globalemen­t, qu’un manque de réalisme récurrent (8 essais inscrits), en raison d’un manque de patience,

de précision et d’automatism­es, qui s’acquièrent à force de vécu commun. « Il faut mettre un peu plus d’intelligen­ce dans tout ce qu’on fait » a reconnu Machenaud. Et ceci dès la tournée de juin, périlleuse en NouvelleZé­lande, double championne du monde en titre, avec trois tests au programme. « Elle s’annonce longue et difficile. Mais l’excitation, de part l’adversaire, doit être plus importante que la petite fatigue de fin de saison » a déclaré Brunel. D’ici juin, où il devrait pouvoir compter, pour le premier test (9 juin, une semaine après la finale du Top 14), sur une ossature de Clermontoi­s absents lors de ce Tournoi (Lopez, Parra, Fofana, Penaud), le sélectionn­eur et ses adjoints se rendront dans les clubs pour débriefer (avec les joueurs et les entraîneur­s le Tournoi) et entretenir le lien . Un fil fragile qu’il convient de consolider.

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(Photos AFP) Bastareaud a fait de beaux dégâts...

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