Var-Matin (Grand Toulon)

Comment aller vers plus d’économie circulaire #Hubbusines­sNM

L’économie circulaire et le développem­ent durable sont au coeur des Quatrièmes Tables de la propositio­n initiées par Nice-Matin. Quelles idées pour quelles actions Philippe Maillard, directeur général de Suez

- CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

Trier ses déchets, c’est la base. Comme de couper l’eau quand on se brosse les dents. Mais dans l’entreprise, ça ne saurait suffire à faire de nos entités des modèles de l’économie circulaire. L’idée de rompre avec le modèle linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) au profit d’une production durable de biens et de services, c’est-à-dire qui limite la consommati­on des ressources (matières premières, eau, énergie) et la production de déchets, ne date pas d’hier. Le concept remonte aux années . Or, depuis

Trouver des solutions :

Améliorer la gestion de la ressource est l’un des piliers de la stratégie de Suez qui, depuis mars , réunit en marque unique l’expertise de la Lyonnaise des Eaux, pour l’eau, SITA et Degrémont pour les déchets. Le secteur est hautement concurrent­iel. Quelles actions enclencher ? Tour de piste avec Philippe Maillard, directeur général de Suez pour l’activité recyclage et valorisati­on en France.

Quelle définition donnez-vous de l’économie circulaire ? L’économie circulaire a trait à la gestion de la ressource. C’est affirmer qu’on ne la consomme plus de manière linaire mais qu’on regarde comment la gérer et la préserver. C’est considérer nos déchets comme une ressource, regarder comment être capables de les valoriser, recycler, réutiliser comme matière ou comme énergie verte.

Comment vous y insérez-vous ? Chez Suez, notre métier est d’accompagne­r nos clients dans une gestion de la ressource plus raisonnée, plus durable, plus circulaire. De développer des solutions pour les collectivi­tés locales et les entreprise­s. Des solutions fondées sur notre expertise, notre présence géographiq­ue, une politique d’innovation poussée et des partenaria­ts avec les startups. C’est tout un écosystème.

Comment se traduit la gestion de la ressource dans l’eau et le déchet ? Elle est présente dans tout le cycle de l’eau : moins consommer, améliorer la qualité de l’eau, traiter les eaux usées. Dans le qu’en France, l’économie circulaire a fait son entrée officielle dans la loi de transition énergétiqu­e le  août , on devrait tous savoir qu’elle englobe non seulement l’approvisio­nnement en matières, l’éco-conception des produits, la consommati­on responsabl­e mais qu’elle va jusqu’à l’économie de la fonctionna­lité (préférer l’usage à la possession de biens). Au plan national, au-delà des obligation­s réglementa­ires, des initiative­s fleurissen­t pour encourager les bonnes pratiques. À l’instar d’Entrepairs, service de mutualisat­ion

une culture déchet, c’est d’accompagne­r l’évolution des métiers. On est passé de “Je génère des déchets, merci de les éliminer” à“J’essaie d’en générer moins, mais ce que je génère, merci de le recycler, de le valoriser sous forme de matière ou d’énergie et de réduire à la fraction ultime ce que je rejette”.

Le digital apporte-t-il des solutions nouvelles ? Utiliser sa puissance, qu’il s’agisse des objets connectés comme de la gestion en temps réel des données, permet d’être plus performant, d’offrir de nouveaux services. Le digital permet de sonder le volume des bacs. Des capteurs émettent un signal lorsqu’un niveau est atteint et déclenchen­t le ramassage. On gère plus finement les tournées. Ça fait entre  et  % de km et de CO en moins. On a vendu d’outils de production industriel­le que l’on trouve sur le Net. Comment aller plus loin sur notre territoire ? Comment améliorer le développem­ent de l’économie circulaire ? Les entreprene­urs du Hub business de Nice-Matin en débattront ce mardi  mars, à l’occasion des Quatrièmes Tables de la propositio­n au siège du journal. Avec une ambition : que les idées exposées se transforme­nt en actions concrètes. À présenter au grand public à la fin de la saison . Les enjeux sont à la fois environnem­entaux,   de ces capteurs en France depuis trois ans. C’est pareil sur les réseaux d’eau. L’installati­on de capteurs connectés permet de détecter les fuites plus vite.

Le digital est un vrai levier de transforma­tion de vos métiers ? Assurément. Le domaine de l’eau était en avance sur les déchets mais on réduit l’écart. Capteurs connectés, centres de pilotage, géolocalis­ation des camions aujourd’hui, des bacs demain sont des programmes de transforma­tion sur lesquels on travaille. Dans les AlpesMarit­imes, on a un centre de pilotage pour l’eau à Mougins, un pour les déchets à Lyon.

Mieux gérer la ressource passe aussi par un travail de valorisati­on des matières. Comment ? Chez Suez, nous pensons qu’il vaut mieux une action préventive que curative. Prenons l’exemple du plastique. On travaille et sur la collecte et sur le retraiteme­nt. économique­s et sociaux. Ces nouveaux modèles de production et de consommati­on sont générateur­s d’activités et d’emplois durables, non délocalisa­bles. Selon une étude de FranceStra­tégie, l’économie circulaire représente   emplois en France, dont   dans la gestion des déchets. TPE, startups, artisans, indépendan­ts, PME, ETI, grands groupes, pour rejoindre la communauté du Hub business de Nice-Matin : Hubbusines­s@nicematin.fr Actuelleme­nt, une bouteille plastique sur deux n’est pas collectée. Nous avons lancé Réco, des kiosques implantés sur les parkings de supermarch­é où toute bouteille ramenée donne un bon d’achat à valoir dans le magasin. Sur les  kiosques installés, on a collecté   tonnes. Une tonne, c’est  bouteilles. Le modèle né au Pays basque est adoptable au national.

Le recyclage reste crucial... Nous avons deux unités de recyclage de plastiques, à Bayonne et en région parisienne. À elles deux, elles traitent   tonnes par an. À partir des bouteilles collectées, nous faisons des paillettes ou de la granule utilisées en plasturgie.

Le gouverneme­nt veut parvenir à  % des plastiques recyclés. C’est ambitieux... Si vous voulez de réels changement­s, il faut fixer la barre très haute. On avance en marche forcée, avec une volonté écologique forte, qui s’articule autour d’une réalité économique. Installer des unités industriel­les de traitement­s demande entre trois et cinq ans de travaux et de gros investisse­ments.

Quid de la génération de biogaz ? On utilise la capacité méthanogèn­e des déchets organiques ou boues d’épuration pour réinjecter du biogaz dans les réseaux. Les investisse­ments et l’accélérati­on technologi­que permettent d’aller plus loin. Ça passe par la modernisat­ion des stations pour les boues d’épuration et le développem­ent des méthaniseu­rs plutôt territoria­ux pour les déchets. Nous avons quatre à cinq projets en cours dont un à Marseille.

Quel domaine accélère ? Le bâtiment. C’est un secteur en pleine évolution et on sent une accélérati­on depuis deux ans.

Qu’est-ce qui fait que ça bouge ? La pression réglementa­ire (la loi de transition écologique veut qu’on parvienne à  % de recyclage dans le bâtiment. Il est à  % aujourd’hui, ndlr), la volonté des entreprise­s, les préoccupat­ions environnem­entales et les imposition­s des donneurs d’ordre. Dans le bâtiment, on parle de  millions de tonnes.

Au Mipim la semaine dernière, à Cannes, vous avez présenté batiRim. De quoi s’agit-il ? C’est une solution de déconstruc­tion sélective des grands bâtiments dans le but de maximiser le réemploi et le recyclage. C’est une solution qui ne génère ni surcoûts, ni délais supplément­aires. Qui permet d’intégrer encore plus l’économie circulaire au coeur des chantiers.

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(Photo C.L.) Phillipe Maillard, directeur général de Suez (  salariés en Paca,  dans les AM) : « L’économie circulaire est en pleine évolution et la France place la barre haute en la matière. »

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