Var-Matin (Grand Toulon)

Un procédé bio et efficace

Un nouveau traitement – bio – pour lutter contre le charançon a été présenté hier. Sans impact sur la nature environnan­te, cette solution pourrait bien permettre de remporter la bataille

- C. L.

Cela fait désormais quelques années que la guerre au charançon rouge est déclarée. Rassurez-vous, elle ne devrait pas durer 100 ans. D’ici là, si rien n’est fait, il ne devrait plus y avoir un palmier debout autour de l’arc méditerran­éen... Voilà pour les pessimiste­s. Les autres ont le regard tourné vers un nouveau traitement qui pourrait bien avoir raison de ce ravageur aussi prénommé Rhynchopho­rus ferrugineu­s. Un traitement développé en collaborat­ion entre Arysta, entreprise située dans les Pyrénées-Atlantique­s et Vegetech, entreprise basée à La Crau, fondée par Karine Panchaud, biologiste, et son mari Olivier, paysagiste. Une présentati­on du produit avec démonstrat­ions pratiques était proposée, hier, au sein de l’entreprise crauroise aux responsabl­es techniques de municipali­tés et aux applicateu­rs de produits phytosanit­aires venus des quatre coins de la France et même de l’étranger.

La faune protégée

« À travers différents ateliers, nous avons expliqué comment on a développé le projet, le matériel d’applicatio­n, explique Karine Panchaud. Ça fait longtemps qu’on a commencé à travailler sur le papillon du palmier et le charançon. C’est une histoire crauroise et hyéroise. Au début des années 2000, Léopold Ritondale nous avait convoqués et fait confiance pour surveiller un insecte qu’on venait de découvrir, le papillon du palmier. Il a eu l’oeil... En 2009, un produit est arrivé sur le marché mais entre-temps le charançon avait fait son apparition. On a développé le savoir-faire destiné au papillon sur le charançon», recontextu­alise la biologiste. Dans son laboratoir­e d’élevage et de gestion des larves où suivi, datage, et pesée sont scrupuleus­ement respectés « pour avoir le moins d’écart possible dans les expériment­ations », Karine Panchaud a passé de longues heures sur son microscope pour développer le Permasect à base de la souche 111 du champignon Beauveria Bassiana et l’Ostrinil, à base de la souche 147 de ce même champignon. Deux produits qui permettent de lutter contre le charançon rouge avec une efficacité et une sécurité supérieure­s aux traitement­s chimiques. « C’est un traitement sous forme de poudre. Homologué produit phytosanit­aire. On utilise le même processus sauf que celui-ci est bio, insiste Charles Vaury, responsabl­e marketing pour les biosolutio­ns en Europe du Sud-Est pour Arysta. C’est cette société qui se charge de l’homologati­on et de la fabricatio­n tandis que Vegetech sera le distribute­ur exclusif du produit en France, chargé en outre de la formation et de l’accompagne­ment technique. « C’est un produit aussi, voire plus efficace qu’une référence chimique. Beaucoup de municipali­tés ont trouvé un intérêt et nous ont poussés dans nos démarches. Il s’agit de la seule solution de traitement en période de floraison en gardant l’infloresce­nce. C’est la seule solution pour ne pas traiter de manière chimique. Ça fonctionne sur les arbres infectés mais c’est un produit très technique, à combiner avec d’autres... »Et d’ajouter : « Pour l’appliquer, il faut être certifié. On s’adresse uniquement à des profession­nels formés afin d’éviter qu’il soit mal utilisé, sinon ça ne marche pas », insiste Charles Vaury.

% d’efficacité

Des profession­nels ou leurs responsabl­es qui ont eu tout le loisir de découvrir le produit et les manières de l’appliquer à travers différents ateliers pratiques. Drones, perches, pulvérisat­eurs à air comprimé, les spectateur­s ont pu avoir un condensé des méthodes d’applicatio­n. «Ça rebat les cartes, ça ouvre le champ des possibles» souligne Karine Panchaud. Donnant l’exemple des abeilles sur lesquelles le produit n’a pas d’impact, la biologiste évalue à 90 % son efficacité sans impact sur la faune bénéfique au palmier. Et on est moins cher que le produit chimique lorsque celui-ci est correcteme­nt utilisé. Et moins dangereux en cas d’école proche ou lorsque le produit coule », ajoute le responsabl­e marketing. Des démonstrat­ions qui semblent avoir séduit l’auditoire. La ville de Nice -ville test du produit et représenté­e hiern’attendait que la mise sur le marché pour enclencher la machine. Et bien autres devraient vite faire de même.

 ??  ??
 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? À l’aide d’une perche spécialeme­nt développée pour le produit, un technicien de Vegetech procède à une démonstrat­ion.
(Photos Dominique Leriche) À l’aide d’une perche spécialeme­nt développée pour le produit, un technicien de Vegetech procède à une démonstrat­ion.

Newspapers in French

Newspapers from France