Un an de prison pour 1 kg de cannabis
Hier, le tribunal de grande instance de Toulon a condamné à un an de prison ferme un jeune dealer hyérois. L’intéressé avait été coincé avec près d’un kilo de résine de cannabis sur lui...
Dans le box des accusés, le gaillard doit taper dans le mètre quatre-vingt-dix. Il est vrai qu’en apercevant Boubakar D., jeune homme de 21 ans à la veste de survêt noire aux fermetures Éclair rouges, on peine à voir une version hyéroise d’Al Capone… Mais, pour paraphraser Lénine, les faits sont têtus. Et en ce qui concerne Boubakar D., du quartiers des Maurels, ils sont implacables.
pochons
Le 17 mars, des habitants des HLM Les Bosquets, à Hyères, alertent la police municipale. Un trafic de drogue se tiendrait en ce moment même dans les parkings souterrains de la résidence. La maréchaussée arrive, se poste afin d’observer ce qu’il se passe. Ils observent alors un homme, tout de noir vêtu, qui fait une « transaction discrète » avec une autre personne. L’homme en noir a un sac. Il quitte le parking, toujours suivi par les policiers. Poursuivi par deux équipes d’agents, l’homme jette alors son sac, avant d’être piégé, gazé et interpellé. Retrouvé, le fameux sac se retrouve à contenir près d’un kilo de résine de cannabis (877 grammes pour être très précis), répartis en 180 pochons… Sur le jeune homme, 520 euros en petites coupures sont découverts. À la barre du tribunal, Boubakar D. se défend plutôt mollement. Savait-il ce que contenait ce sac, empestant le cannabis ? « Non, j’ai des problèmes d’odorat », assure-t-il à la présidente sans ciller. Et l’argent, sait-il d’où il vient ? « D’une collecte réalisée auprès des gens du quartier pour ceux qui sont détenus… », lance-t-il sans pour autant dire qui sont ses fameux donateurs.
Pas tapée
Du côté du parquet, on affiche sa fermeté. Pas de pitié avec les dealers. Quinze mois de prison avec mandat de dépôt sont requis. Qui doivent s’ajouter aux dix mois avec sursis prononcés le 23 février dernier, par ce même tribunal, pour des faits similaires… « Je crois que M. D. n’a pas bien compris qu’une fois qu’on a eu affaire à la justice, on ne fait plus parler de soi », grince la représentante du ministère public. L’avocate du prévenu, Cathia Zaaboub, pointe toutefois deux gros défauts dans l’armure de l’accusation. « Les policiers n’ont vu qu’une seule transaction », souligne l’avocate, suggérant que les 520 euros retrouvés sur le prévenu pouvaient très être le fruit du trafic d’autres dealers. «Quand au sac, s’il avait su réellement ce qu’il y avait dedans, il s’en serait débarrassé tout de suite!» Le profil du jeune homme interpelle également. Titulaire d’un CAP, sportif, il ne compte qu’une seule mention à son casier judiciaire -mise à part sa condamnation de février-. Il se serait tourné vers la drogue suite à son échec à être embauché dans un club de sport, en octobre 2017. Le tribunal a finalement décidé de le condamner à un an de prison ferme, avec mandat de dépôt, sans retenir la récidive légale. Et pour cause : rendu le 23 février, l’arrêt de la dernière condamnation… n’avait pas encore été tapé !