Var-Matin (Grand Toulon)

À la cour d’assises du Var c’est «famille je vous hais»

Le père reconnaît avoir égorgé son ex-employeuse et maîtresse aux Issambres. Il en rejette la responsabi­lité sur son épouse, qui nie son implicatio­n. La fille leur en veut de l’avoir entraînée

- G. D.

Sauve qui peut, et chacun pour soi. Devant la cour d’assises du Var, qui doit les juger jusqu’à vendredi pour l’assassinat d’une retraitée aux Issambres, les membres de la famille Robino ont visiblemen­t renoncé hier à l’unité du clan qu’ils affichaien­t naguère. Sur leur responsabi­lité individuel­le dans le crime, le père, la mère et la fille aînée ont cherché à se repasser le mistigri.

Victime égorgée

Les gendarmes de la brigade de recherches de Saint-Tropez et de l’antenne de la section de recherches à Fréjus, qui sont intervenus le matin du 28 juillet 2014 dans une villa des Issambres, ont décrit une scène difficile. Sur la terrasse, le corps de Bernadette Cogis, une veuve de 67 ans, reposait sur le dos, à demi dénudé, dans une mare de sang. Elle avait été égorgée, dans des conditions que les médecins légistes préciseron­t à la cour ce matin. Deux incendies avaient été allumés devant une porte et un volet, manifestem­ent pour la faire sortir de chez elle. La mort remontait à la nuit précédente, entre minuit et 3 heures. L’enquête de voisinage les a immédiatem­ent portés vers la famille Robino à Roquebrune-sur-Argens. Bernadette Cogis avait entretenu une relation intime avec Hervé Robino, son jardinier, de septembre 2013 à mai 2014. Après leur rupture, elle avait confié à sa voisine se sentir menacée par cette famille. Hervé Robino et sa famille avaient été entendus. Ils avaient livré aux enquêteurs une version commune, qui avait été élaborée lors d’un conseil de famille. Les six mois d’enquête qui ont suivi ont servi à vérifier les autres pistes possibles, et surtout à mettre la famille Robino sur écoutes, ce qui a confirmé les soupçons.

La fille se défausse

À l’ouverture de l’audience, Roxanne Robino, 24 ans, a contesté avoir été la co-auteure de ce crime, en portant un coup de couteau dans les côtes de la victime. « Je me suis retrouvée mêlée à une histoire qui n’aurait jamais dû me concerner. Mes parents auraient dû laisser leurs enfants en dehors de ça. » Elle a confirmé sa présence sur les lieux. « Mon père m’avait ordonné de venir. Il disait que c’était pour lui faire peur. C’est lui qui a porté les coups. C’était un vrai cauchemar. »

Et les époux se déchirent

Hervé Robino, 47 ans, a reconnu la préméditat­ion, qu’il avait toujours contestée jusque-là, en étant allé chez la victime pour la tuer. « J’assume avoir donné la mort à Bernadette. Il n’y avait pas d’autre solution. » Pourquoi avoir emmené sa fille Roxanne ? « Il fallait un témoin. Sa présence m’a été imposé par une personne qui devrait être à côté de moi dans le box, a-t-il indiqué en regardant son épouse. Elle a inventé que la victime la menaçait et menaçait mes enfants. » Libre à l’audience, Pascale Le Lay, épouse Robino, 46 ans, doit répondre de complicité d’assassinat pour avoir poussé son mari à l’acte. Elle a désormais demandé le divorce. « Je suis responsabl­e de ne pas avoir su gérer ma famille à ce moment-là. Mais je n’ai pas demandé à mon mari, ni à mes enfants, de tuer quelqu’un. »

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les gendarmes, qui sont intervenus en crime flagrant, ont eu une vision difficile à soutenir.

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