Au tour des chômeurs...
« Le but du gouvernement est de remettre un peu de logique dans l’échelle de ces sanctions. »
Le pouvoir, décidément, avance le pied au plancher sur le terrain social. Même si la contestation semble frémir dans le secteur public, le gouvernement n’a de toute évidence pas du tout l’intention de ralentir le rythme de ses réformes dans ce domaine. Ainsi, sans s’alarmer de la mobilisation générale de la fonction publique ce jeudi mars, une date choisie par les syndicats pour faire écho au mouvement étudiant de qui démarra le soir du mars il y a ans à Nanterre, Edouard Philippe a dévoilé hier après-midi devant les organisations syndicales ses intentions pour améliorer le contrôle des demandeurs d’emploi ainsi que les grandes lignes de la réforme de l’assurance chômage et de la gouvernance de l’Unedic qui sera présentée mi-avril. Avec, une fois encore, cet argument : Emmanuel Macron avait annoncé ses intentions sur ces sujets pendant sa campagne électorale. Application donc de l’implacable règle présidentielle : « Je l’avais promis, je le fais ». Il est vrai que le dossier du contrôle des chômeurs mérite d’être ouvert tant il contient d’incohérences. Ainsi, aujourd’hui, un demandeur d’emploi qui ne cherche pas activement du travail peut être radié deux semaines. Celui qui ne se présente pas sans motif valable à un rendez-vous avec son conseiller à Pôle Emploi est, lui, menacé de deux mois de radiation avec suspension de son allocation. Le but du gouvernement est de remettre un peu de logique dans l’échelle de ces sanctions, d’abord en aggravant celles qui frappent les chômeurs qui refusent une formation ou rejettent deux offres dites « raisonnables », ensuite en allégeant celles visant un rendez-vous manqué. La volonté du pouvoir est de pousser les chômeurs à se former pour leur éviter de tomber dans la terrible trappe du chômage longue durée. On ne peut que saluer l’intention. L’esprit de cette réforme n’est pas critiquable. Un danger existe, cependant, lié à l’approche du pouvoir sur les dossiers sociaux : il a souvent tendance à globaliser et du coup à discriminer. Il y a bien sûr un volant de chômeurs qui jonglent avec les règles ( % selon une récente étude) et le gouvernement a raison de faire la chasse aux tricheurs mais il doit aussi veiller à ne pas discréditer du coup l’écrasante majorité des demandeurs d’emploi dont la seule obsession est de retrouver du travail.