Var-Matin (Grand Toulon)

Les coups de volant d’Anne Hidalgo

- DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Attention, conduite erratique. En annonçant, hier matin, au Conseil de Paris le lancement d’une étude sur « la gratuité des transports en commun pour tous », la maire socialiste de Paris a amorcé un changement de cap spectacula­ire. Après avoir chassé les voitures et banni les autos anciennes, Anne Hidalgo se décide à partir à la recherche de vraies solutions alternativ­es. Il était temps ! Vouloir réduire la pollution à Paris est éminemment louable. Mais il s’agit d’une question de santé publique qui ne peut pas être traitée à coups de décisions simplistes, au nom d’un idéologie bêtement autophobe. Si les banlieusar­ds viennent s’agglutiner sur le périph’ parisien, ce n’est pas uniquement pour le plaisir de passer des heures dans les bouchons. C’est avant tout parce que les transports en commun, coûteux et souvent en retard, ne sont pas adaptés pour un certain nombre de trajets depuis la grande couronne notamment. Quand elle explique, comme hier, que « nous ne sommes plus dans les Trente Glorieuses » et « qu’il ne faut pas chercher des solutions dans la boîte à outils d’hier », Anne Hidalgo a raison, cent fois raison. Instaurer la gratuité des transports à Paris en , année des municipale­s, serait un formidable coup politique de nature à relancer une élue qui essuie échec sur échec, de la remise en cause de la fermeture des voies sur berge par la justice au fiasco des Velib’. Cette idée séduisante est-elle pour autant réaliste ? Rien n’est moins sûr. Prudente, la maire de Paris souligne d’ailleurs la nécessité

« d’analyser s’il existe un modèle économique viable ». Il faut dire que les chiffres donnent le vertige : les transports en commun en Ilede-France coûtent dix milliards d’euros par an, dont , milliards financés par les titres de transport. Au passage, cette compétence rélève de la Région présidée par Valérie Pécresse et non de la mairie de Paris... Anne Hidalgo, qui a l’intention d’évaluer les exemples de gratuité des transports en France et à l’étranger risque d’être rapidement déçue. A l’exception de Tallinn, la capitale de l’Estonie (  habitants), aucune métropole de taille n’a osé une telle mesure. Berlin, qui l’avait envisagée, y a renoncé. Et en France, la plus grande agglomérat­ion à avoir choisi cette voie est Niort dont les transports en commun bénéficien­t à   habitants. Histoire d’installer le débat, le Conseil de Paris votera, aujourd’hui, la gratuité du Pass Navigo pour   seniors parisiens. On verra déjà si cette mesure les incite à laisser leur voiture au garage. Ce serait un bon début.

« La gratuité des transports serait un formidable coup politique de nature à relancer une élue qui essuie échec sur échec. »

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