Var-Matin (Grand Toulon)

Quinze à trente ans requis pour le crime des Issambres

Hervé Robino et sa fille Roxanne coupables d’avoir prémédité l’égorgement d’une retraitée, c’est la conviction de l’avocat général. Il est également persuadé que Pascale Robino les a poussés

- G. D.

L’audience de la cour d’assises du Var a été suspendue hier soir à l’issue du réquisitoi­re, dans l’affaire de l’assassinat familial des Issambres. L’avocat général Stéphanie Félix a conclu à la culpabilit­é des trois accusés. Hervé Robino, 47 ans, et sa fille Roxanne, 24 ans, comme co-auteurs de l’assassinat de Bernadette Cogis, une retraitée de 67 ans, la nuit du 27 au 28 juillet 2014 devant sa villa des Issambres. Et Pascale Le Lay, épouse Robino, 46 ans, comme complice, en poussant son mari et sa fille à commettre le crime. Elle a requis des peines de trente ans de réclusion contre le père, vingt ans contre la fille et quinze ans contre l’épouse. La défense abordera la barre ce matin à 9 heures.

Un idéal familial

La journée avait auparavant été consacrée à la personnali­té des trois accusés, avec au centre le couple. Un couple à l’enfance peu enviable en région parisienne, qui s’était formé sur un coup de foudre en 1991 et s’était installé huit ans plus tard à Roquebrune-sur-Argens avec ses filles. Les experts ont décrit cette famille comme fusionnell­e, ou du moins qui se percevait comme telle. Une famille en quête d’un idéal d’unité, qui aurait été mise en danger par l’intrusion de la victime, qui avait entretenu pendant huit mois une relation torride avec le père, qu’elle employait comme jardinier. La révélation de l’infidélité d’Hervé Robino avait fini par engendrer la haine de la famille envers la victime.

« Elle a fini la victime »

La cour a également entendu l’ex-compagnon de Roxanne Robino, qui avait partagé sa vie et qui lui avait fait une confidence peu après le crime. « Elle m’a dit qu’elle avait fini la victime au couteau. Mais je ne l’ai pas crue, parce qu’avec elle, il était impossible de savoir le vrai du faux. » Le frère de Bernadette Cogis a dit à la cour combien il trouvait le crime odieux : « Il ne se passe pas un jour où je ne pense pas à la manière dont elle a été assassinée ». Pour Me Bernard Sivan, cette famille était venue au procès chercher la vérité : «L’horreur de ce crime, c’est la façon dont il a été perpétré. Vous avez à juger le couple Thénardier. »

Casiers vierges mais crime horrible

L’avocat général a rappelé que sur la scène du guet-apens tendu à Bernadette Cogis, on avait retrouvé les empreintes digitales et génétiques d’Hervé et Roxanne Robino. Et qu’au moment du crime des appels étaient échangés sur leurs téléphones portables restés à leur domicile, pour forger un alibi. Avec méticulosi­té, Mme Félix a assemblé tous les éléments de l’enquête pour attribuer à chaque accusé son rôle dans cette affaire. Elle en a conclu qu’Hervé Robino avait emmené sa fille aux Issambres pour ne pas être tenté de renoncer au dernier moment, et parce qu’il savait qu’elle avait de la haine pour la victime. Quant à Pascale Robino, elle lui semblait déterminée à faire disparaîtr­e Bernadette, qui était devenue un objet de récriminat­ion quotidien au sein de la famille. Au moment de demander une peine pour chacun, l’avocat général a rappelé qu’ils avaient tous des casiers judiciaire­s vierges. Mais Mme Félix a aussi demandé aux jurés de tenir compte du fait que le crime avait été préparé, et de la manière dont il avait été commis.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Me Gael Gangloff plaidera aujourd’hui pour Pascale Robino, contre laquelle il a été requis quinze ans de réclusion.

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