Var-Matin (Grand Toulon)

Le Collier rouge, Jean Becker à l’assaut de la Grande Guerre

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

De Jean Becker (France). Avec François Cluzet, Nicolas Duvauchell­e, Sophie Verbeeck. Durée :  h . Genre : drame historique. Notre avis :

Àbientôt 85 ans (il les fêtera au mois de mai), Jean Becker n’a pas craint de se lancer dans un film de guerre en adaptant le roman de Jean Christophe Ruffin, Le Collier rouge. L’histoire d’un poilu de 14-18 (Nicolas Duvauchell­e) jugé pour outrage à la patrie après avoir été décoré de la Légion d’honneur pour acte de bravoure. Toujours bon pied bon oeil, casquette vissée sur le crâne et moustache frétillant­e, le doyen du cinéma français est venu présenter son film en avant-première au nouveau multiplexe Pathé gare du Sud à Nice. Il nous a parlé de son travail.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter ce livre ? C’est un ami monteur qui me l’a donné à lire. Il était sûr que ça me plairait et que je pourrais en tirer un film. J’ai beaucoup aimé le livre, l’écriture de Ruffin est très visuelle, mais surtout, cela parle de gens simples, de rapports humains, ça se passe à la campagne... Tout ce que j’aime filmer.

Les scènes de guerre ne vous faisaient pas peur ? C’était effectivem­ent la seule inquiétude que je pouvais avoir. À mon âge, je me disais qu’elles seraient difficiles à tourner. Mais j’ai pensé que je pourrais me faire assister. Yves Angelo, le chef opérateur du film, est aussi réalisateu­r. Il m’a bien aidé et je crois que les scènes de tranchées sont assez réussies. J’en suis fier parce que les figurants ont passé un sale moment dans la boue pour les tourner. Il y en a un qui est venu me voir dans la casemate que je m’étais emménagée pour être à l’abri. Quand il m’a remercié au nom de tous les autres, je pensais qu’ils se foutaient de moi. En fait, ils étaient contents d’avoir pu contribuer au réalisme de la reconstitu­tion. Cette guerre a vraiment été une boucherie inutile. C’était important de le montrer...

Qu’est-ce qui vous attirait le plus dans le roman : l’histoire d’amour, la dénonciati­on de la guerre ou le contexte social ? L’intérêt du livre, justement, c’est que tout est très lié. Mais ce sont toujours les rapports humains que je privilégie. Le personnage de la femme que joue Sophie Verbeeck est particuliè­rement intéressan­t. Elle est très moderne pour son époque.

Qu’avez-vous modifié ? Seulement la fin, avec le chien. Je n’arrivais pas à croire à celle de Ruffin. Je le lui ai dit et il m’a raconté qu’il avait reçu plein de courrier pour lui reprocher cette fin. Il était très ému en voyant le film.

Cluzet-Duvauchell­e, c’était votre choix ? Oui. En lisant le livre, je me disais que Cluzet était l’acteur idéal pour le rôle de Lantier. On n’avait plus travaillé ensemble depuis L’Eté meurtrier. Duvauchell­e est venu après.

L’Été meurtrier reste votre film le plus célèbre. Est-ce aussi celui que vous préférez ? C’est un film qui a été très important pour ma carrière. Mais j’aime aussi beaucoup Les Enfants du marais .Et Deux jours à tuer, qui est peut-être celui dont l’histoire me touche le plus.

Le prochain ? Je ne sais pas trop. Un huis clos à deux personnage­s dans une petite pièce, ça m’irait bien après celui-là. Mais si on m’apporte une histoire du genre  hommes en colère ,je la tourne demain.

Quel regard portez-vous sur votre longue et riche carrière ? Je voulais vraiment faire ce métier. Au départ, je m’étais dit que j’allais être acteur mais j’étais mauvais. Alors, j’ai travaillé comme assistant réalisateu­r. J’ai aidé mon père à finir son dernier film et, avant de mourir, il m’a dit que je m’étais bien débrouillé. Alors j’ai continué. J’ai été à bonne école avec lui. Et je crois que j’ai été bon élève.

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(Photo Fanck Fernandes)

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