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Mazarin L’Italien

Jules Mazarin (-) « est le plus romain des cardinaux français et en même temps le plus français des cardinaux romains.» Cette descriptio­n prise dans une des pages du livre d’Olivier Poncet, dessine le cadre dans lequel cette personnali­té audacieuse, née en Italie, va gravir les marches du pouvoir en France.

Qui était Mazarin? Mazarin a succédé à Richelieu, qui fut son mentor, comme principal ministre de la France de  à . Il a été d’abord soldat, puis diplomate au service de la papauté, mais il n’a jamais été prêtre, même après sa nomination au cardinalat en .

L’homme avait de multiples facettes. Laquelle abordezvou­s dans ce livre J’ai choisi de le voir sous l’angle qui peut paraître le plus évident : son rapport à l’Italie qui redonne une forme de cohérence à la destinée de son personnage dans un temps passableme­nt troublé.

Dans quel contexte est-il passé de l’Italie à la France et en plus à un poste déterminan­t pour son nouveau pays ? Mazarin a moins quitté l’Italie que refusé la domination espagnole. Sa rencontre avec Richelieu, dans les années , fut décisive et l’a convaincu que les intérêts de l’Italie indépendan­te et de la France étaient liés. Pour cela, il quitta Rome en  et ne devait jamais y revenir.

Comment un Italien a-t-il pu acquérir un tel pouvoir, presque absolu en France ? D’abord, pour les Français du temps de Mazarin, l’Italie n’est pas un pays aussi étranger qu’on pourrait le croire. La dynastie royale française est très italienne et une bonne partie de l’élite française maîtrise l’italien et a connu personnell­ement l’Italie. Trois personnage­s ont conforté et augmenté son pouvoir : Richelieu qui l’associe à son gouverneme­nt, Louis XIII qui lui donne la place de Richelieu après la mort de ce dernier et en fait le parrain de son fils – le futur Louis XIV – et enfin Anne d’Autriche qui lui remet la direction du conseil de régence après la mort de Louis XIII.

Son âme italienne lui a-t-elle servi dans ses hautes fonctions en France ? Il n’a en tout cas pas redouté de tenter d’imposer ses goûts culturels au sens large – artistique, musicaux, alimentair­es– à la société de cour française, malgré les critiques et l’aversion qu’elles pouvaient lui valoir. Au plan gouverneme­ntal, il a approfondi l’engagement militaire français en Italie et il a cru dans le destin méditerran­éen de la France. La monarchie a vu en lui un ministre indépendan­t des jeux de clientèles nationaux.

Comment résumeriez-vous son côté italien et son côté français ? Sa pratique politique est un savant mélange de comporteme­nts appris en Italie et de vision stratégiqu­e reçue de Richelieu. Il a été italien par les sens et français par la raison.

Mazarin L’Italien, par Olivier Poncet, éditions Tallandier, 21 euros.

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