Michel Neyret, le « super flic » rejugé en appel
Séjours de luxe et cadeaux en échange de renseignements et de services » : l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon et ex chef de la police judiciaire de Nice, Michel Neyret, est rejugé à partir de demain devant la cour d’appel de Paris pour « corruption ». En première instance, celui qui dirigea durant vingt ans la prestigieuse brigade antigang de Lyon a été condamné à deux ans et demi de prison ferme. Une peine aménageable qui évitait à l’ex-policier, incarcéré sept mois en détention provisoire, de retourner en prison. Mais le parquet qui avait requis quatre ans de prison, dont deux ans et demi ferme, a fait appel. Poursuivi pour huit délits dont corruption et trafic d’influence passifs et détournement de scellés de stupéfiant, Neyret encourt 10 ans de prison et 7,5 millions d’euros d’amende. La justice a condamné Michel Neyret pour avoir fourni des informations confidentielles à des membres du milieu lyonnais, présentés comme des «indics», en échange d’avantages, de cadeaux et d’argent liquide, et d’avoir prélevé sa dîme sur une saisie de stupéfiants pour rétribuer des informateurs.
La Légion d’honneur... et la chute
L’affaire avait créé un véritable traumatisme dans la police nationale. Après 32 ans de carrière, Michel Neyret, adulé par ses équipes et ses supérieurs et décoré de la Légion d’honneur pour ses résultats, était une légende au moment de sa chute. Ironie de l’histoire, l’un de ses faits d’armes fut l’arrestation en 1990 d’un gang de braqueurs où sévissaient des flics ripoux. Il incarnait alors l’honneur de la police. L’appel du parquet avait « complètement effondré » le prévenu qui, à l’issue du procès, avait exprimé un peu hâtivement son soulagement de ne pas retourner en prison et de pouvoir enfin tourner la page « d’une parenthèse » judiciaire de « cinq ans ». Son avocat, Me Gabriel Versini-Bullara, avait également fait part de sa « sidération » en soulignant que le jugement prononcé correspondait « au quantum » souhaité par les procureurs.
Une société offshore créée
Lors du procès, l’ex-grand flic a reconnu s’être perdu dans la gestion de ses « indics ». Selon lui, les cadeaux reçus provenaient d’informateurs devenus des amis qui voulaient lui « faire plaisir ». « Dix voyages, des séjours dans la villa d’un escroc avec prêts de voitures de luxe et masseuses (...) deux montres de luxe (...) des remises d’espèces (...) et, ultime étape de la corruption, la création d’une société offshore en rétribution des services rendus », avait détaillé la procureure, pour qui le commissaire s’était transformé en « informateur policier » de ses indics. Sur les prélèvements de stupéfiants, Neyret a assumé cette pratique pour fidéliser des « indics » tout en affirmant, sans convaincre, n’y avoir eu recours qu’à une seule reprise pour 300 grammes de résine de cannabis. Trois des huit prévenus qui ont comparu en première instance au côté de Michel Neyret seront rejugés à ses côtés, le parquet ayant fait appel de leur jugement. Le procès est prévu jusqu’au 11 avril.