À Fréjus, le mandataire auto faisait tourner les compteurs à l’envers
Ancien pilote de moto professionnel en 2000, Cyrille Laporte, 45 ans est « un fonceur mais pas un délinquant d’envergure », comme l’a souligné hier son avocat Me Didier Hollet, devant le tribunal correctionnel de Draguignan. Nonobstant, les magistrats l’ont déclaré coupable d’escroquerie, de faux et usage, ainsi que de travail dissimulé, commis de juin 2012 à mars 2016 à Fréjus, dans le commerce automobile. Des infractions qu’il reconnaissait, et pour lesquelles il a été condamné à trente mois de prison, dont vingtquatre ferme et six autres sous le régime de la mise à l’épreuve. Le tribunal n’a pas ordonné de mandat de dépôt contre Cyrille Laporte, mais a prononcé en outre cinq ans d’interdiction de gérer.
Kilomètres avalés
L’affaire avait débuté un peu par hasard en juin 2014, par une enquête de la direction interrégionale Paca de la police judiciaire. Elle agissait dans le cadre d’une instruction pour tromperie sur la qualité d’une marchandise, au cabinet d’un juge d’Aixen-Provence. Enquête au cours de laquelle l’un des mis en cause avait été contacté par Cyrille Laporte, qui voulait savoir s’il connaissait un moyen de reprogrammer le compteur kilométrique d’une Aston Martin Vantage. Les policiers ont alors épluché sa téléphonie, ses comptes bancaires, ceux de ses proches, et les dossiers de demandes d’immatriculation qu’il déposait à la sous-préfecture de Draguignan.
Des prête-noms
Il s’y présentait comme un professionnel de la vente automobile installé à l’étranger, pour faire immatriculer des voitures haut de gamme en provenance d’Allemagne. En fait, il n’exerçait aucune activité en nom propre, pas plus que comme gérant d’une société. Cette activité n’était déclarée ni au fisc, ni aux organismes sociaux. Et les factures qu’il présentait au soutien de ses dossiers étaient des faux, provenant de sociétés radiées dont il avait été le gérant, et d’une dizaine de sociétés espagnoles peu regardantes. Il faisait transiter les fonds de ces transactions (plusieurs centaines de milliers d’euros) sur les comptes de deux proches, afin de dissimuler des flux financiers importants aux services fiscaux.
Des voitures inutilisables
Cyrille Laporte a également reconnu avoir fait appel à un garagiste niçois, pour minorer les kilométrages de quatre voitures. Opération réalisée par une officine italienne de San Remo, moyennant 120€ par voiture. Les clients étaient donc escroqués sur le kilométrage, mais aussi sur la provenance des voitures qu’ils lui ont achetées. Pire, les fausses factures produites dans les dossiers de demande d’immatriculation ont empêché leur régularisation. Résultat, les plaignants se sont retrouvés avec des voitures sans carte grise, qu’ils ne pouvaient ni vendre, ni utiliser. C’est cet aspect du préjudice qui, selon Me Hollet, expliquait la peine requise par le procureur Guy Bouchet. « Parce que l’on n’a retrouvé que 30000€ en liquide dans un coffre, ce qui en quatre ans n’est pas grand-chose. »