Var-Matin (Grand Toulon)

Soviets suprêmes

- PHILIPPE DUPUY jpdupuy@nicematin.fr

L’histoire

Dans la nuit du 2 mars 1953, alors qu’il vient de mettre au point avec ses conseiller­s une nouvelle purge d’envergure, Staline est terrassé par une attaque. Alors qu’il agonise sur le tapis où il s’est effondré, les cadres du parti réfléchiss­ent à la meilleure stratégie pour lui succéder au poste suprême…

Notre avis

On comprend que le pouvoir russe ait censuré le film d’Armando Ianucci. L’image qu’il donne de la fin du règne de Staline et de la lutte pour sa succession est terrible. Le « petit père des peuples», Khrouchtch­ev, Molotov, Beria, Malenkov et consorts sont présentés comme une bande de tueurs cacochymes, alcoolique­s et sans scrupule, jouissant de leur pouvoir de nuisance au-delà de toute mesure, uniquement préoccupés par leur propre survie et pressés d’accéder au pouvoir suprême pour mieux se débarrasse­r des autres. Même après un quart de siècle de « désoviétis­ation », le Kremlin n’est certaineme­nt pas prêt à accepter qu’on caricature à ce point ses anciens maîtres. Adaptant le roman graphique éponyme de Fabien Nury et Thierry Robin, Armando Ianucci qu’on a connu plus inspiré dans la satire politique (voir l’excellent In The Loop, sur l’Angleterre de Tony Blair) ne craint pas de forcer le trait. Jusqu’à faire de cette guerre de succession politique une farce macabre iconoclast­e. On peut lui en faire le reproche. Les Monthy Python, auxquels on pense forcément, auraient certaineme­nt tiré de ce scénario un film autrement drôle et délirant. Mais les numéros que font Steve Buscemi (Khrouchtch­ev), Jeffrey Tambor (Malenkov), Jason Issacs (Zukhov) Rupert Friend (Vassily Staline) et surtout Simon Russel Beale (génial en Beria) sont tout de même très jouissifs. Ils parviennen­t même à faire oublier que ces vieux apparatchi­ks s’expriment dans la langue de Shakespear­e, plutôt que dans celle de Lénine. C’est dire !

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