L’Hermione, messagère de solidarité et de respect
Au travers de son partenariat avec l’Organisation internationale de la francophonie, la frégate et l’association Hermione - La Fayette, qui la porte, s’érigent en symboles de liberté
Pour que vive la liberté, il faudra toujours que des hommes se lèvent. » À elle seule, cette phrase du marquis de La Fayette éclaire le partenariat qui lie l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et L’Hermione. Mais ce qui illustre le mieux le message de solidarité et de respect, de la diversité notamment, que toutes deux véhiculent, c’est cette centaine de jeunes originaires de trente-quatre pays francophones engagés à bord de la frégate. L’objectif : vivre « Libres ensemble », du nom du projet partagé par tous. Entre Sète et Toulon, ils étaient une vingtaine de gabiers, ces matelots chargés des voiles et du gréement, mobilisés par l’OIF à arpenter les ponts, la grand-rue et surtout à grimper dans les haubans. Hier, nous en avons rencontré quelquesuns, libres en milieu de journée. S’ils sont unis par la langue, ils le sont encore plus par l’expérience partagée.
«Connaître l’autre»
« Oui, nous parlons le même langage, martèle Mado, Sénégalaise de 26 ans: celui de l’ouverture!» Rassemblés par leur curiosité et leur envie de découvrir le monde, tous ces jeunes n’en sont pas à leur premier voyage. Certes, ils n’avaient pas forcément navigué – « À part les parties de pêche », s’amuse Mado –, mais tous avaient déjà franchi les frontières de leurs pays. À l’instar de Saidjo, blogueuse du groupe Ivorian travellers (voyageurs ivoiriens en français): « J’avais déjà voyagé à terre, dans l’air, il me manquait en mer ! » Sébastien, Haïtien de 27 ans, explique, lui, s’être intéressé depuis longtemps au courant « Libres ensemble», mais voulait « connaître l’autre au travers d’une expérience concrète ». Fredelyne, 27 ans, elle aussi originaire d’Haïti, raconte ainsi que, pour elle comme pour ses camarades, « tout a commencé avec les campagnes de recrutement de l’OIF »:« Pourquoi n’aurais-je pas pris part à cette aventure et revécu l’histoire au travers de la francophonie ? »
Liens indéfectibles
Et Mado de renchérir : «Jamais je n’aurais cru faire une chose pareille dans ma vie !» Alors forcément, partager de tels moments, c’est créer des liens pour toujours « au-delà même de sa propre équipe », affirme Nash, 27 ans, originaire de Madagascar. « Cette aventure, nous montre avant tout que rien ne se fait seul, assure à son tour Expedit, Béninois de 29 ans ; que, quoi qu’on fasse, on a besoin des autres. Ici, mais aussi dans notre vie active future ! » Une solidarité d’autant plus importante dans les moments difficiles, souligne Saidjo : «Une mauvaise manoeuvre peut coûter la vie à quelqu’un ! » Et des moments difficiles, il y en a eu, note Sébastien, «les premiers jours, lorsqu’il y a eu pas mal de mer et que nombre de gabiers Prévenir la radicalisation L’idée de ce partenariat entre L’Hermione et l’Organisation internationale de la francophonie est née au lendemain des attentats de , « pour prévenir la radicalisation violente ». C’est ce qu’explique Audrey Delacroix, conseillère de la secrétaire générale de l’OIF. « Mais, poursuit-elle, nous ne voulions pas faire quelque chose “contre”, mais “pour”. » Autrement dit, mener une action positive. Rien de tel que de véhiculer le message de liberté que portait, en son temps, La Fayette. Ainsi, venus du Niger, du Gabon, ou encore de Mauritanie, ils rappellent que la Méditerranée, malgré les drames qui s’y jouent, est « un espace d’une grande richesse et de diversité ».
étaient malades!». Mamane, Nigérien de 34 ans acquiesce, en pensant notamment à ses premiers « pas » dans les haubans, lors de la formation à Rochefort : « Au début, ça paraît difficile de grimper là-haut, mais dès qu’on l’a fait une fois, ça va mieux. » « C’est un dépassement de soi, reprend Mado, et, aujourd’hui, tout ce qui est devant moi, je sais que je pourrais l’affronter.»