Letzlove, un portrait qui traverse les époques
La scène nationale de Châteauvallon accueille la pièce Letzlove Portrait(s) Foucault. Le reflet à la fois d’une époque et du philosophe. Entretien avec Maurin Olles, un des acteurs
Letzlove Portrait(s) Foucault, mardi et mercredi prochains à Châteauvallon, met en scène les entretiens menés par le philosophe avec un jeune de 20 ans, en 1975. Le livre Vingt ans et après, paru à l’époque sous le seul nom de ce jeune inconnu pris en autostop, Thierry Voeltzel, - qui sera aussi amant de Michel Foucault -, brosse le portrait d’une génération. Mais aussi, en ombre chinoise, celui du maître. Une époque qui ne nous est pas étrangère, selon Maurin Olles, qui interprète ce jeune engagé. «Après 1968 et avant 1981, c’est un peu un entre-deux qui ressemble à la période qu’on est en train de vivre en ce moment. Foucault parle de “tristesse générale”.» Le spectacle mis en scène par Pierre Maillet a été salué par la critique. Rencontre avec Maurin Olles. Cette parole des années fait écho à beaucoup de thématiques encore importantes aujourd’hui. Lesquelles ? C’est vrai qu’il y a beaucoup de sujets abordés dans la pièce qui sont encore très actuels. Peut-être que celui qui est le plus abordé, c’est l’homosexualité, qui pose encore problème aujourd’hui. Mais on parle aussi du rapport à la famille, à l’amour, au travail... Il est intéressant de voir comment, pour le personnage que je joue, tout est politique. Concrètement, on parle aussi de l’hôpital. Le personnage est aidesoignant quand il rencontre Michel Foucault. Il est déjà question pour l’époque de manque de moyens, de manque de personnel, de fin de vie. C’est une époque où il y a beaucoup de suicides à l’hôpital, des gens qui se jettent par les fenêtres. Aujourd’hui, d’ailleurs, les hôpitaux ont des fenêtres plus fermées.
Comment avez-vous appréhendé le rôle de cet homme libre ? Le texte du livre, ce sont des enregistrements retranscrits entre Michel Foucault et Thierry Voeltzel, avec les hésitations, les rires… Cette matière ressemble vraiment à la parole. On essaye de faire avec, Pierre Maillet, en sorte que les gens se disent vraiment « il n’y a pas de texte, ils sont presque en impro ».
On entend juste la voix de Pierre Maillet, qui
interprète également Michel Foucault ? C’est ça. Il est en régie audessus du public, moi je suis sur le plateau. Puis il y a un moment où il vient me rejoindre. On entend juste sa voix qui me pose les questions. C’est pour reprendre un peu le geste littéraire de Foucault, qui a dit à la sortie du livre, « je n’ai pas envie de signer le
bouquin, parce que sinon, on ne va parler que de moi ». Le metteur en scène a un peu repris cette idéelà, en me laissant seul éclairé sur scène et lui dans l’ombre.
mardi 10 et mercredi11 avrilà19 hàChâteauvallon, Le Baou grand studio, tarifs de 8 à 10 euros, selon conditions, www.chateauvallon.com