Il est urgent de faire preuve de réalisme
Les Toulonnais ont encore chuté - de peu - à l’extérieur. Après trente matches, cette carence de pragmatisme et de réalisme devient préoccupante à l’heure des « finales »
Pourquoi évoquer Trévise dans notre titre à l’heure où Toulon vient de s’incliner dans les Hauts-de-Seine face au Racing 92 ? Pourquoi parler de cette équipe de Benetton et de ce match de poule en Champions Cup alors que le RCT vient de se faire mettre à la porte dans cette épreuve par le Munster ? Pourquoi aborder une rencontre disputée il y a maintenant près de six mois par les Rouge et Noir ? D’aucuns pourront penser que je suis (encore !) tombé sur la tête au moment où le cycle des ferias repart. Et que les bodegas font quelques dégâts dans un cerveau échaudé. Probablement. Pour autant, si on fait référence à l’opposition disputée à moins de 50 kilomètres de Venise (une autre tentation, selon un ancien Premier ministre), c’est tout simplement parce que làbas, les Toulonnais l’avaient emporté après la sirène (3029). Ils avaient fait preuve d’une maîtrise et d’un sangfroid étonnants grâce notamment à un François Trinh-Duc alors impérial. Fin septembre, en championnat de France, le succès (19-15) acquis sur le Stade Français à Jean-Bouin l’avait été, là encore dans les toutes dernières minutes. Mais depuis et hormis ces deux matches au cours de laquelle la réussite a souri aux hommes de Galthié, que de manques, que de déceptions, que de frustration, que d’échecs de peu ou de très peu.
Fatidiques «money time »
Ainsi, à l’extérieur, le RCT s’est incliné de 5 points contre Toulouse (18-13) et Clermont (21-16), de quatre (1713) contre les Franciliens dimanche, de trois à Bordeaux (30-27) et Oyonnax (29-26), de deux à Agen (26-24) ou encore d’un tout petit point à Castres (20-19) et Brive (13-12). Aussi précieux soit-il, ces huit points de bonus défensif ne peuvent servir de lot de consolation. Le manque de réussite ou la faute à « pas de chance » ne peut suffire pour expliquer autant de défaites de justesse ou d’extrême justesse. Et ce d’autant plus qu’en coupe d’Europe, le constat n’est guère plus reluisant avec des échecs de cinq et quatre points contre respectivement les Anglais de Bath (26-21) et les Gallois des Scarlets (30-27). Et ne ressassons pas l’élimination chez les Irlandais il y a huit jours pour - une fois encore - un immense point d’écart (20-19) avec les conséquences irrémédiables que l’on sait. Bien sûr dans cette liste de revers, les scénarii ne sont pas chaque fois identiques mais sur le plan comptable, l’addition est vraiment lourde. Cette saison, les joueurs de Toulon ne savent toujours pas, après trente matches joués (23 en top 14, 7 avec l’Europe) bien négocier le money time. Estce dû à un manque de maîtrise, de patience, de lucidité, de cohésion, de sang-froid, de pragmatisme, de collectif ? Peut-être un peu de tout à la fois. Décidément par épargné par la mouise cette saison, Guirado, le capitaine des Bleus, dans les entrailles de la « U Arena », ne cachait pas face à cette succession de résultats défavorables un ras-le-bol certain. Au fil des déconvenues, cette situation trop souvent répétée, devient pesante. À l’heure du sprint final, les Varois sont dans l’obligation de mettre un terme à cette fatalité qui n’en est désormais pas ou plus vraiment une. Bastareaud et ses partenaires doivent urgemment trouver les bonnes solutions pour éviter de se prendre les pieds dans la pelouse qu’elle soit synthétique ou pas. Il leur appartient de mettre la réussite de leur côté en faisant preuve de réalisme. Il est peut-être grand temps de se remémorer le souvenir du match de Trévise. Une tentation comme un autre...